Le diaconat permanent, 60 ans de service de la liturgie, de la parole et de la charité

La constitution dogmatique du Concile Vatican II sur l’Eglise "Lumen Gentium" présente les diacres comme des hommes ordonnés pour "servir le peuple de Dieu dans la diaconie de la liturgie, de la parole et de la charité, en communion avec l’évêque et son presbyterium". Quelle est leur vocation ? Quelles sont leurs mission ? Quelle place pour leurs femmes ? RCF est allé rencontrer les membres du comité national du diaconat.

Des hommes prêts à servir l'Eglise et leurs frères

On les voit à la messe aux côtés du prêtre pour lire l’évangile ou prêcher, ils peuvent aussi célébrer des baptêmes ou des mariages. Mais le diaconat c’est bien plus que cela. "Les diacres ce sont des hommes, souvent avec leurs épouses qui sont prêts à servir l’église et leurs frères", témoigne François Fayol, diacre et coordinateur du comité national du diaconat.

Mais ce ministère est parfois méconnu et il faut le faire redécouvrir, selon François Fayol : "pour beaucoup, le diacre c’est celui qui est à l’autel à côté du prêtre, mais c’est tellement d’autres choses aussi, il a des hommes engagés comme aumôniers de prison, au secours catholique, auprès des malades, des migrants, dans le dialogue interreligieux, des visages très variés. Ça ne se réduit pas seulement à la liturgie."

Des hommes engagés comme aumôniers de prison, au secours catholique, auprès des malades, des migrants, dans le dialogue interreligieux, des visages très variés

En France, les évêques ont décidé du rétablissement du diaconat permanent, ouvert aux hommes mariés, en 1968. Les six premiers diacres permanents ont été ordonnés au printemps 1970. Aujourd’hui, il y a 3300 diacres en France. Ces dix dernières années, en moyenne 90 diacres ont été ordonnés chaque année.

De nos jours, ce ministère est diversement appliqué dans le monde, explique Mgr Bertrand Lacombe, archevêque d’Auch et président du comité national du diaconat : "il y a beaucoup de diacres en Amérique, en Europe. Il y en a moins en Afrique où ils ne sont que 500. C’est un ministère de lien entre les prêtres, les évêques et les fidèles."

La plupart des diacres permanents sont des hommes mariés

La plupart des diacres sont des hommes actifs, qui ont un travail, une famille. Leur épouse joue un rôle tout particulier dans cette vocation. Elle n’est pas ordonnée mais elle doit accepter le diaconat de son mari, participer à sa formation théologique qui dure trois ans. Après l’ordination, la femme du diacre est une présence discrète aux côtés de son mari accaparé par les missions qui lui sont confiées.

Certaines épouses témoignent du sacrifice que cela représente pour leur famille, d’autres y voient une véritable fécondité pour le couple et la famille. "Pour moi, le oui du diaconat, il vient du oui du mariage", témoigne Nathalie Le Rendu, membre du comité national du diaconat. "Pour beaucoup d’épouses, c’est une vocation de couple au service. Certaines épouses sont appelées en mission avec leur époux, mais sinon elles participent à la mission de leur époux c’est très important. C’est une manière différente d’être signe de l’Église dans le monde, le mariage est une vraie richesse du diaconat permanent."

Pour moi, le oui du diaconat, il vient du oui du mariage

La famille reste la priorité du diacre, et pour ne pas déstabiliser les foyers, l’Eglise appelle à ce ministère des hommes stables et installés. "Lumen Gentium" précise que "ce diaconat pourra être conféré à des hommes mûrs, même mariés, ainsi qu’à des jeunes gens aptes à cet office."

Alors qu’en est-il de la jeune génération ? Les jeunes sentent ils concernés par le diaconat ? Mgr Lacombe le rappelle : "être diacre ce n’est pas se dire 'je suis à la retraite qu’est-ce que je vais faire, je vais être diacre', c’est une vocation que l’on peut entendre tôt. Certaines personnes attendent un peu pour privilégier la famille et les enfants mais il y a des ordinations de jeunes diacres et c’est encouragé pour notre Église."

Un ministère amené à évoluer ?

Le diaconat permanent, fait partie des sujets de discussions du synode sur la synodalité avec de nombreuses questions : son application variée à travers le monde, ses limites lorsque le diacre devient trop souvent un remplaçant du prêtre qui manque, la difficile place des épouses, et aussi la potentielle ouverture du diaconat aux femmes…