L'émotion suscitée par les mésaventures de Bernadette, par Pierre Durieux

J’ai vu Bernadette ! La comédie musicale, "Bernadette de Lourdes" qui retrace les aventures de Mademoiselle Soubirous ! C’est peu dire que j’ai aimé ! Bon, j’étais peut-être fatigué, mais j’ai pleuré. J’ai même beaucoup pleuré !

Était-ce du fait de mon histoire familiale, mes grands-parents et parents, mes sœurs sont très attachées à ce sanctuaire ? Peut-être, mais pas seulement ! Était-ce la qualité des dialogues et des chansons ? Oui, pour une part. Le spectacle est magnifique, les décors exceptionnels, le rythme soutenu, les acteurs tellement bons, les musiques, inspirantes… bref : l’ensemble est géant et mérite vraiment d’être vu.

Un témoignage musical, moderne et populaire

C’est cela qui est fort, c’est que nous, spectateurs, on ne la voit pas. On assiste, stupéfaits, aux mésaventures de Bernadette qui n’est pas chargée de nous faire croire mais de nous le dire. On la voit se débattre dans des interrogatoires à répétition, avec le procureur, le prêtre, ses parents…

C’est au fond le cheminement d’un acte de foi qui est proposé au spectateur, à moi, à toi, à nous, en nous laissant bien sûr, parfaitement libre… un témoignage fervent, moderne, musical, populaire ! 

Des émotions

Oui, mais c’est aussi le fait qu’il y a Lourdes… et les suites de Lourdes ! Tout ce qui est né dans l’Eglise de France, ou re-né, passe… par la grotte de Massabielle !

A bras ouverts et foi et Lumière, bien sûr. Mais aujourd’hui, la CEF et les journalistes catholiques. Et Simon de Cyrène il y a quelques jours, et bientôt la Société Saint Vincent de Paul, et les pèlerinages du réseau saint Laurent, du Rosaire ou de l’Assomption et tous les pélés diocésains…

Oui, toute l’énergie spirituelle converge à Lourdes, et en repart, comme le point de gravité spirituelle de notre pays, qui repose sur les réponses - légères - d’une jeune fille analphabète du 19e ! C’est dingue, non ?

Les catholiques ont souvent espéré que le renouveau de l’Eglise viendrait d’une communauté, d’un fondateur, d’une spiritualité… Les communautés prospèrent et s’effondrent. Les fondateurs sont vénérés avant que d’être détestés. Les spiritualités, comme les modes, passent. Mais Bernadette est là : la plus insignifiante, la plus modeste, la plus improbable des témoins… elle demeure et donne du poids à toutes nos légèretés. Lourdes, quoi !

Une leçon à retenir

Bernadette-Marie Soubirous deviendra Sœur Marie-Bernard le 2 juillet 1866 à Nevers. La prieure demande qu’elle raconte une fois son histoire et puis les autres religieuses n’auront plus jamais le droit de la questionner à ce sujet. 

Cette comédie musicale nous permet de devenir les spectateurs chanceux du récit intime de Bernadette, comme si nous étions ses petites sœurs de Nevers, étonnées de ces aventures.

Alors, voilà, si la réalité vous semble Lourdes, si tout vous Gave, si votre vie semble brasser de l’air comme les ailes d’un moulin, ou enfermée comme dans un cachot…

Alors, « Me feriez-vous la grâce de venir voir ce spectacle ? » Venez écouter battre le cœur profond de l’Eglise de France !