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Les algorithmes de la CNAF sont discriminants !, par Véronique Devise

Les algorithmes de la CNAF sont discriminants !, par Véronique Devise

Un article rédigé par Véronique Devise - RCF, le 4 avril 2024  -  Modifié le 4 avril 2024
La chronique du Secours catholique - Caritas France Les algorithmes de la CNAF sont discriminants !, par Véronique Devise

LA CHRONIQUE DU SECOURS CATHOLIQUE - Aujourd’hui, je souhaite parler des préjugés et des suspicions qui dominent à l’égard des personnes les plus modestes. De nombreuses personnes que nous rencontrons dans nos accueils de jour souffrent de stigmatisation et de contrôles abusifs, de la part de certaines administrations.

Véronique Devise ©Gaël Kerboal / Secours catholique Véronique Devise ©Gaël Kerboal / Secours catholique

Cela concerne en particulier la Caisse d’Allocations Familiales, organisme essentiel pour les versements, les prestations sociales, mais dont nous dénonçons certaines pratiques. Lorsqu'il y a un doute sur la situation d’une personne, la tendance est de suspendre les prestations sociales qui sont vitales pour les bénéficiaires. Les contrôles sont également plus fréquents pour les personnes qui vivent dans la précarité.

Une situation stigmatisante dans les affaires administratives

Ces personnes rencontrent déjà de nombreuses difficultés dans leur quotidien, elles doivent affronter des stigmatisations administratives, des suspensions abusives, ou encore la peur des contrôles. Léa nous dit : "une erreur a déclenché une demande de contrôle de ressources. Étant donné mon handicap, cela ne fait que générer une instabilité financière et une culpabilité alors que ces aides sont des droits. Je vis chaque mois avec la boule au ventre en me demandant si je vais pouvoir payer mon loyer ou si la CAF va me demander de rembourser les allocations qu’elle m’a envoyées". Les contrôles sont inquiétants, c’est vrai, car ils représentent le risque de devoir rembourser des trop perçus ou encore de devoir se battre pendant des semaines pour régler sa situation et rétablir le versement des aides.

Toujours plus contrôler les plus pauvres

Nous savons que la CNAF utilise des algorithmes et c’est normal. Par contre ce qui est problématique, c’est que ces algorithmes sont discriminants. Chaque allocataire est associé à un score de risque qui augmente la probabilité de subir des contrôles.

Avoir des ressources variables, changer de logement, porter un handicap ou encore être une femme seule avec un enfant, voici quelques exemples de ce qui peut influencer ce "score de risque". Les personnes qui vivent dans la précarité doivent parfois se débrouiller avec plusieurs emplois. Elles n’ont pas toujours un logement fixe et cumulent souvent plusieurs difficultés. Ce score de risque est pour elles une double peine. Car elles doivent sans cesse justifier de leur situation
Au Secours Catholique, nous nous sommes engagés collectivement pour dénoncer cette ambiance de suspicion contre les pauvres. Notre association a été co-signataire, aux côtés de 72 autres organisations, d’une lettre adressée au Premier Ministre, afin de dénoncer ces pratiques discriminantes.
Nous aimerions voir s’installer une relation de confiance entre les administrations et les personnes et nous demandons une politique beaucoup plus prudente avant de suspendre les aides. Un dialogue constructif est engagé avec la CNAF et nous espérons qu’une gestion plus positive verra le jour. C’est important pour les personnes qui cherchent à sortir de la précarité mais aussi pour la société tout entière. 

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Émission La chronique du Secours catholique - Caritas France ©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
La chronique du Secours catholique - Caritas France

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