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Où est l’écologie dans la crise politique ? Par Marie-Hélène Lafage

Un article rédigé par Marie-Hélène Lafage - RCF, le 11 juin 2024 - Modifié le 11 juin 2024
Le point de vue de 7h20Où est l’écologie dans la crise politique ? Par Marie-Hélène Lafage

LE POINT DE VUE DE MARIE-HÉLÈNE LAFAGE - Depuis dimanche soir, avec la dissolution de l’Assemblée Nationale et un score de 40% pour l’extrême droite, nous traversons plus que jamais une crise politique. Marie-Hélène Lafage, consultante et enseignante en politiques de transition écologique a choisi d’apporter un regard sur cette crise, avec un pas de côté, en nous parlant d’écologie.

Marie-Hélène Lafage © RCFMarie-Hélène Lafage © RCF

Il est certain que depuis dimanche soir, nous traversons une crise politique profonde. Face aux résultats des élections européennes et face à la poussée inédite de l’extrême droite, le président de la République a choisi de tirer des conséquences sur le plan national en prononçant la dissolution de l’Assemblée. 

Nous avons à peine pris le temps d’analyser les résultats au niveau européen que les partis sont déjà en ordre de marche pour une élection éclair qui se tiendra dans 3 semaines. Nous avons à peine commenté le niveau d’abstention comme si ça n’avait plus d’importance. Et nous avions, déjà, si peu parlé des sujets européens dans la campagne elle-même, transformée en match entre Emmanuel Macron et le Rassemblement National.

Les scores de l’extrême droite, son arrivée possible au pouvoir sont désormais au cœur des préoccupations. Nous sommes dans un moment où la crise politique, qui couvait depuis le début de ce quinquennat bancal, prend le pas sur tout le reste. Nous sommes dans une spirale mortifère : plus y a de la déception et de la colère, plus la vie politique devient frénétique, sans prendre en charge les problèmes de fond, plus elle produit de la déception et de la colère, et ainsi de suite.
 

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En quoi l’écologie a-t-elle quelque chose à voir avec tout ça ?


Je crois que ce qui se trouve au cœur de notre crise politique, au fond, c’est l’absence de perspective. Après avoir fracassé le clivage gauche-droite, qui offrait traditionnellement une alternative entre deux projets de société, arrivés à bout de course, Emmanuel Macron a voulu proposer un nouveau projet et un nouveau clivage : les progressistes contre les extrêmes. Mais aujourd’hui la déception est grande. 

Au fond, nous n’avons pas apporté de vraie réponse aux questions essentielles qui traversent notre pays, à nos crises de société fondamentales : la montée des inégalités et la nécessaire refondation du modèle social, la crise écologique, notre place dans la mondialisation et la rupture avec un système économique néo-libéral délétère, ce qui nous relie et ce qui nous rassemble en tant que société. 

En parallèle, nous avons approfondi la crise de confiance entre la population et les responsables politiques, à coup de scandales, de petites phrases et de fausses promesses. Dans ce contexte, ceux qui contribuent à faire de l’écologie un "problème" et une "difficulté" au lieu d’en faire une opportunité et une solution, sont des irresponsables. La faible place de l’écologie dans le débat politique n’est pas une bonne nouvelle.
 

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En quoi l’écologie fait-elle partie de la solution ?


Comme le dit le Pape François dans Laudato si’, "tout est lié" : la question écologique se trouve au cœur des crises que nous traversons : "Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale." 

Il montre bien que la crise écologique est le cœur des multiples problèmes actuels, et donc qu’elle se trouve aussi au cœur des solutions à apporter. Nous aurions grand besoin d’arrêter d’organiser la vie politique autour de nos peurs, mais de l’orienter vers des perspectives collectives positives. Nous aurions grand besoin d’arrêter de commenter ce qui nous divise, pour mettre en avant ce qui nous rassemble. 

Nous aurions grand besoin de faire renaître l’espoir. Comme le disait le poète Robert Desnos dans son Chant pour la belle saison : il nous faut "[chanter] non ce que nous devons combattre [mais] ce que nous devons défendre."
 

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