Allemagne
Les Français ont placé le changement climatique comme le deuxième enjeu prioritaire des élections européennes qui se dérouleront le 9 juin. Quels sont les enjeux écologiques qui animent cette arène politique complexe et comment les décideurs européens peuvent-ils répondre aux attentes grandissantes de leurs citoyens en matière de protection de l'environnement ? Une émission Je pense donc j'agis présentée par Melchior Gormand.
Le dimanche 9 juin auront lieu les élections européennes. Ce sont plus de 360 millions d’électeurs à travers l’Union européenne (UE) qui seront appelés aux urnes pour constituer le Parlement et ses 720 eurodéputés. Pour les Français, il s’agira d’élire 81 députés issus de 21 listes. Du 13 au 16 mai, l’émission Je pense donc j’agis s’intéresse aux grandes thématiques de ce scrutin que sont l’écologie, l'agriculture, la crise migratoire et la défense et la paix. Dans cet article, focus sur les enjeux écologiques de ces élections.
Une opportunité d'agir à 27. L'UE peut permettre d’agir en communion sur des sujets forts et déterminants pour l'avenir des Européens. Le sujet de l’écologie en fait partie. "L’Europe a beaucoup de compétences parce qu'elle représente les 27 membres, elle peut donc penser la transition écologique efficacement, car son champ d’action est large. Si on veut faire bouger les choses, c’est mieux d'avoir un accord commun plutôt que de prendre 27 décisions, chacun dans son coin", explique Neil Makaroff, directeur de Strategic Perspective et expert à la Fondation Jean Jaurès.
L’UE a un rôle, celui de tirer les pays vers le haut.
L’Union européenne peut ainsi prendre des décisions juridiques contraignantes conformément aux articles 11 et 191 à 193 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), qui permet à l’UE d’agir dans les domaines de la politique environnementale. Son pouvoir est cependant limité par le principe de subsidiarité, qui protège la capacité de décision et d’action des 27, et légitime l’intervention de l’Union si les objectifs d’une action ne peuvent pas être réalisés de manière suffisante par les États membres.
Si on veut faire bouger les choses, c’est mieux d'avoir un accord commun plutôt que de prendre 27 décisions, chacun dans son coin.
Certaines décisions sont ainsi compliquées à prendre, car chaque État a des besoins et des intérêts différents précise Caroline François-Marsal, responsable Europe pour le Réseau Action Climat : "c’est compliqué, mais à 27 c’est normal. L’UE a un rôle, celui de tirer les pays vers le haut", souligne-t-elle. Néanmoins l’Europe tient un cap et incite les États à le suivre. Arnaud Schwartz, vice-président de France Nature Environnement et représentant de FNE au “Comité économique et social européen”, relativise sur la vitesse d'exécution des actions, qui peut paraître lente ou rapide en fonction du point de vue : "si on écoute les scientifiques, c’est trop long, mais vu notre nombre, on peut dire que c’est assez rapide".
2019, une année décisive. À l'époque, des feux de forêt ayant ravagé l’équivalent de la superficie de la Belgique en Australie et des rassemblement de jeunes militants pour la protection de l’environnement, ont contribué à faire prendre conscience de l'urgence climatique. De manière inattendue, les élections européennes de 2019 ont été marquées par une vague verte. En France, par exemple, la liste d'Europe Ecologie-Les Verts conduite par Yannick Jadot, a récolté 13,5 % des résultats. Un tournant décisif pour Neil Makaroff qui se souvient de cette année marquante : "il y a un avant et un après 2019 et les réformes qui ont découlé du pacte vert comme le principe du pollueur-payeur, font doucement avancer la cause”.
Il y a un avant et un après 2019.
Le Green Deal : ambitieux mais pas utopique Ce "pacte vert" a été initié par Ursula Von Der Leyen, élue présidente de la commission européenne en 2019. Une véritable stratégie visant à orienter les acteurs européens vers la transition écologique. Cependant, des mesures trop fortes peuvent devenir problématiques pour ceux qui n’y sont pas préparés, Arnaud Schwartz considère en cela que le Green Deal est bon : "les mesures sont faites pour accompagner les gens. Je trouve que c’est bien parce que le but n’est pas de contraindre ou de forcer mais bien de réaliser une transition”.
Il faut aller voter ! Les élections du 9 juin mettent sur le devant de la scène plusieurs partis politiques qui présentent chacun une vision différente de l’écologie. Jean-Jacques, un fidèle auditeur de l’émission, partage sa vision méfiante vis-à-vis de l’Europe : "je ne fais pas confiance aux 27 et à la Commission européenne qui poursuivent des ambitions personnelles, la France en est le meilleur exemple avec le plan Ecophyto”. Caroline François-Marsal rappelle que les États doivent faire leur part : “l’Europe ne se contente pas d’ordonner, elle tente de concilier en fonction des pays et de leurs caractéristiques, tout en tenant sa direction environnementale”.
L’Europe ne se contente pas d’ordonner, elle tente de concilier.
Tour d'horizon de quelques idées. Plusieurs mesures sont proposées par les listes qui se présentent pour ces élections. On peut par exemple évoquer la relance du train, moyen fiable et écologique pour se déplacer, avec le "ticket climat"(de 49 euros par mois en France) pour les trains régionaux tout en doublant les financements pour le développement des lignes de transports publics entre les moyennes et grandes villes européennes et en réinvestissant dans le fret ferroviaire.
La question de l’interdiction de "toutes les substances reconnues comme les plus dangereuses (CMR, PBT, PE et neurotoxiques)", et celle du renforcement des contrôles sur les substances chimiques du marché industriel, seront aussi sous les projecteurs.
Enfin, l'indépendance énergétique, avec une obligation de non-ingérence de l’Europe dans ces domaines. D’autres propositions ont également été évoquées comme l'obligation de produire des véhicules électriques de petit gabarit, en installant une barrière douanière sur les véhicules importés.
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