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Retraites : au nom de l'intersyndicale, Cyril Chabanier propose au gouvernement "d'aller vers une médiation" en vue d'une sortie de crise

Un article rédigé par Constantin Gaschignard - RCF, le 28 mars 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
L'Invité de la MatinaleCyril Chabanier appelle à une médiation entre gouvernement et syndicats

L'exécutif ne lâche rien, les syndicats non plus. Près de deux semaines après l'adoption au 49.3 de la réforme des retraites, s'annonce aujourd'hui une dixième journée de mobilisation. Les organisations salariales espèrent maintenir un niveau de contestation élevé et veulent croire au retrait de ce texte qui suscite, partout dans le pays, une nette opposition. Pour sortir de l'impasse, Cyril Chabanier, président confédéral de la CFTC, propose au gouvernement la mise en place d'une médiation.

Cyril Chabanier, président de la CFTCCyril Chabanier, président de la CFTC

"Nous allons proposer avec l'intersyndicale d'aller vers une médiation", déclare Cyril Chabanier, président de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). "De mettre cette réforme sur pause, nommer des médiateurs et tenter de trouver une solution de sortie de crise. Dans une entreprise, quand on est dans une crise grave, au bout d'un moment il y a des médiateurs qui sont nommés avec des experts, des conseils, et on essaie de trouver ensemble des solutions", développe-t-il. Et de révéler qu'un "courrier intersyndical va être envoyé aujourd'hui ou demain au gouvernement". Reste à déterminer le profil des médiateurs. "Ça va être à réfléchir, mais ça pourrait être des personnes qui ont une expérience politique ou ont occupé des fonctions importantes. Ça peut être des experts et des spécialistes, ça peut être d'anciens syndicalistes", suggère-t-il. "Voilà, un groupe de personnes pour remettre tout le monde autour de la table".

 


Mensonge

 

"Sur l'emploi des seniors, qui est un enjeu majeur, sur la pénibilité, sur les carrières longues, nous avons eu de véritables échanges avec le gouvernement. Le problème, c'est que lorsqu'on a parlé du financement, nous n'avions aucune discussion possible : c'était le report de l'âge, et aucune autre solution ne pouvait être entendue. C'est là que tout a bloqué", regrette le syndicaliste. "Le mensonge autour du triptyque de solutions est insupportable. On nous dit que pour les retraites, il n'y a que trois solutions : soit on baisse les pensions, soit on augmente les cotisations, soit c'est le recul de l'âge légal. Non, il y a des tas d'autres possibilités, sur les exonérations, sur l'emploi des seniors", cite-t-il par exemple, comme pour répliquer à Emmanuel Macron qui, dans son interview télévisée du 22 mars, affirmait que les syndicats n'avaient "pas proposé de compromis" : "On a proposé, à la CFTC, un ‘mix' d'une dizaine de solutions pour financer notre modèle".

 

 

Ce n'est pas parce qu'un programme est validé qu'il ne doit plus y avoir d'écoute ni de dialogue pendant le quinquennat

 

 

Prenant le contrepied du président de la République, qui invoque sa légitimité électorale pour justifier sa "mère des réformes", Cyril Chabanier estime que le président a été élu par défaut plus que par adhésion, il y a bientôt un an. "Beaucoup de personnes ont voté Macron au second tour, non pas pour la réforme des 64 ans", grince-t-il. Et quand bien même on lui reconnaîtrait ce crédit, "ce n'est pas parce qu'un programme est validé qu'il ne doit plus y avoir d'écoute ni de dialogue pendant le quinquennat. Les corps intermédiaires et les syndicats ne serviraient plus à grand-chose si on votait une fois et que, pendant cinq ans, il y avait un blanc-seing".

 


Valeurs sociales chrétiennes

 

"Ce n'est pas la culture syndicale de la CFTC d'aller dans la rue, nous sommes un syndicat dans le dialogue", insiste Cyril Chabanier. "Mais on est fidèle à nos valeurs sociales chrétiennes, c'est-à-dire que quand on trouve qu'il y a une véritable injustice, quand il y a un problème de respect de la personne, on est dans la rue, et on y est avec force. Pour nous, la rue est toujours le dernier recours".

 

 

Quand on trouve qu'il y a une véritable injustice, quand il y a un problème de respect de la personne, on est dans la rue, et on y est avec force

 

 

Lors d'une conférence de presse place Beauvau hier, Gérald Darmanin a annoncé la mise en place d'un dispositif exceptionnel pour cette nouvelle journée sous haute tension. 13 000 policiers et gendarmes seront déployés partout en France, dont 5 500 à Paris. "Plus de 1000 éléments radicaux" sont attendus, a également dévoilé le ministre de l'Intérieur.

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