LA CHRONIQUE DE PIERRE DURIEUX - Dans l'attente d'un adieu, le public était au concert de Michel Sardou. Il avait promis que la chanson, pour lui, c’était fini et puis, le chanteur a finalement annoncé l’ultime tournée, intitulée « je me souviens d’un Adieu ». Je ne voulais pas que mes quelques 40 années bercées par ses musiques s’achèvent sans cet Adieu.
Alors, voilà, ce soir-là : Sardou arrive un peu en retard. Ses pas sont un peu hésitants. Sa gestuelle, un peu timide. Il manque un peu de souffle. Les instruments sont un peu forts. Mais, ce soir- là, on s’en fout. On l’aime Sardou. Et on voulait recevoir un message, un testament, une dernière inspiration. Écouter ses chansons une dernière fois. Pour entendre l’épilogue d’une carrière époustouflante, après ses quelques 100 millions d’albums écoulés.
Chaque français a (en moyenne) presque 2 disques de Sardou chez lui ! Voilà, Johnny était parti sans prévenir, laissant les Français orphelins, sans envie et Goldman s’est retiré à Londres, parti alors qu’on ne pouvait l’aimer plus.
Saluer Sardou, ce Monument au cœur blessé, était important !
On aurait aimé d’abord le florilège de ses chansons d’Adieu, (celui) qui a duré 10 ans ou bien la si belle chanson de La dernière danse ou encore, son Salut, je suis venu vous dire Salut ! dans sa version longue.
Au lieu de ça, Michel Sardou a choisi quelques une de ses meilleures chansons : entrée et sortie sur les lacs du Connemara, et entre les deux : un Medley de ses plus grands tubes pour ne pas décevoir ses fans, certes, mais les plus belles chansons d’au revoir n’y étaient pas et l’Adieu n’a pas eu lieu !
Plus grave, le chanteur s’exprime entre ses chansons : il égratigne Sandrine Rousseau, évoque un souvenir de son père, mais pas une fois, il ne saluera son public. C’était déjà le cas, hélas, dans son dernier album, malgré quelques belles chansons comme celle consacrée au Pape François.
C’est la seule chose qui me console, c’est que je pense qu’on le reverra ! Si tu m’écoutes Michel, relève - toi, ton public est devenu fou ! Et toi, Anne-Marie, son épouse bien aimée, si tu nous écoutes, si tu peux lui faire entendre raison une dernière fois : qu’il nous fasse un véritable Adieu.
Car, Michel, c’est toi notre spectateur du premier jour depuis nos radios-cassettes. Tu nous as quasiment appris à parler, tu nous as donné tes mots. Tu nous as fait supporter le bac G et nos études malgré le surveillant des classes secondaires. Tu nous as fait comprendre notre pays à la laïcité complexe et ses deux écoles. Tu nous appris à apprivoiser nos sentiments, à gérer le quotidien, Comme d’habitude ! Tu nous appris à aimer comme on n’avait jamais aimé !
Michel, tu nous appris tant de choses. Permet qu’on t’en apprenne une, ce matin. L’importance de savoir dire au revoir ! Reviens-nous vite nous dire au revoir !!
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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