LA CHRONIQUE DE THÉO MOY - « La vraie démocratie, elle est ici ! ». Scandés par des centaines de milliers de Français pendant le mouvement social contre la réforme des retraites début 2023, ces mots auraient pu être repris par les agriculteurs révoltés, comme en leur temps par les gilets jaunes. Au cœur de ces mouvements sociaux, au-delà de leurs différences, on trouve cette idée d’une démocratie malade.
Pour beaucoup de Français, le système politique actuel n’est plus pleinement légitime. Pendant deux ans, l’usage répété du 49.3 a incarné ce défaut de démocratie : à l’Assemblée nationale l’opposition s’exprime, mais la majorité, même relative, a toujours le dernier mot, et peut s’affranchir d’un débat ou précipiter un vote, renonçant à trouver des consensus. Légitime du point de vue strictement juridique, ces pratiques font désormais polémiques.
Ce qui est en crise, c’est aussi une certaine pratique du pouvoir : il est reproché aux dirigeants de considérer leur élection comme un blanc-seing, une autorisation définitive pour appliquer des réformes ou mener des politiques, sans tenir compte de l’évolution de l’opinion.
Une partie des citoyens estime que la pratique du pouvoir penche désormais davantage vers un autoritarisme dédaigneux qu’un gouvernement respectueux de son mandat. Autant de dérives qui favorisent l’abstention lors des scrutins politiques.
À cette crise des institutions et des pratiques, des réponses émergent en effet pour redonner du souffle démocratique aux Français.
On a eu les conventions citoyennes, sur le climat puis la fin de vie, avec l’objectif de donner aux Français une nouvelle place. Pour l’instant, cette démocratie participative, dont les initiatives fourmillent, fait bien émerger l’avis des Français mais on a du mal à les traduire en loi.
Il y a aussi le référendum, souvent brandi comme solution évidente à ce défaut de participation, mais il appartient à une culture politique à laquelle les Français ne sont pas habitués.
Il n’y a donc pas de solution toute faite, évidente. Ce constat que je fais aujourd’hui avec vous, on l’a aussi fait il y a quelques mois dans mon journal, La Croix. Partant de cette vaste question, Sommes-nous toujours en démocratie, on a demandé à des experts, des politiques, des chercheurs, de proposer des solutions.
Et en ce mois de février, on publie leurs réponses dans un petit recueil. On peut y lire le député Charles de Courson, considérer qu’il faut « redonner le maximum de pouvoir aux citoyens » ou le chercheur Pierre-Yves Cadalen défendre le passage à une 6ème République.
Mais la contribution qui m’a le plus intéressé c’est celle de Benjamin Morel et Chloé Ridel qui défendent l’introduction de la proportionnelle pour élire les députés. Pour eux, elle permettrait à chaque force politique d’être représentée à sa juste mesure, et les Français à travers eux. Elle permettrait aussi de favoriser la formation de coalitions sur certains textes, pour empêcher une majorité un peu artificielle comme actuellement, de décider de tout.
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