Pauvreté : le rapport alarmant du Secours catholique
En partenariat avec LE SECOURS CATHOLIQUE-CARITAS FRANCE
En partenariat avec LE SECOURS CATHOLIQUE-CARITAS FRANCE
Jeudi 17 novembre, le Secours catholique - Caritas France a publié son rapport 2022 sur "l'État de la pauvreté en France". Suite à la publication de ce rapport, j'ai fait une rencontre inhabituelle...
Aujourd’hui, je veux partager l’émotion d’une rencontre. Mardi 15 novembre, je me suis rendue au ministère des Solidarités pour y rencontrer le ministre en charge, Monsieur Jean-Christophe Combe. Mais je n’y suis pas allée seule. J’étais accompagnée par Sonya, Germaine et Emilia, trois femmes engagées au Secours catholique, membre d’un groupe de mobilisation citoyenne en Rhône-Alpes, vivant la pauvreté. Elles sont venues partager avec le ministre leurs attentes, les difficultés de leur vie quotidienne, la joie et la force de leur engagement.
Sonya a ainsi raconté combien la pauvreté loin d’être un choix était une contrainte de chaque instant. Maman de deux enfants, dont un souffre de handicap, elle a dû cesser de travailler pour s’en occuper. Depuis, elle compte chaque euro et se prive pour pouvoir les élever correctement, elle a ainsi expliqué au ministre : "Vivre avec de petites ressources, c'est très dur. C'est un combat quotidien. Nous sommes des guerrières qui comptent tout pour s'en sortir et survivre. On souffre d'être accusées de profiter du système, car ce n'est pas vrai. On se bouge. On ne sait pas de quoi demain sera fait. Alors, on se prive de tout, on n'arrive pas à économiser. On se prive de tout pour l'éducation de nos enfants. Nous sommes des citoyens à part entière, des êtres humains. On a des désirs, des rêves, des espoirs et on veut s'en sortir."
Emilia quant à elle a raconté qu’elle vit "dans la peur perpétuelle". "Tous les jours, je me demande comment je vais faire, quelles factures je paye en premier. La période hivernale est la pire parce que les factures énergétiques sont très élevées. On ne chauffe qu'une pièce, on n'invite personne. On a l'angoisse permanente de la facture d'eau qui va arriver et dont on sait qu'elle sera élevée. Il n'y a aucune place pour l'imprévu. On va de stress en stress. Le RSA, avec lequel on vit, nous aide, mais ne suffit pas. On dissimule la pauvreté que l'on vit, on fait semblant : on se maquille, on s'habille, mais on ne dit où et comment on a eu le maquillage et les vêtements qu'on porte. On cache les factures. C'est très dur de dire aux enfants qu'on ne peut pas leur acheter le dernier vêtement à la mode que les copains ont."
Quand vient le tour de Germaine de témoigner, cette mère et mamie qui a un mari invalide, partage sa vie quotidienne pour que Jean-Christophe Combe voie bien les efforts journaliers qui usent : "On doit sans cesse réfléchir aux dépenses prioritaires pour ne pas tomber dans le rouge dès les premiers jours du mois. Si on accumule les factures, c'est la mort. On fait des enveloppes pour faire les courses, on scrute les promos dans les catalogues, on fait des listes pour n'acheter que ce dont on a besoin et pas se laisser tenter dans le magasin, on a toujours une calculatrice sur soi pour faire le total de ce qu'on va payer au centime près, car on ne peut pas plus dépenser que l'argent qu'on a en poche. Le four, je le remplis au maximum pour ne l'utiliser qu'une seule fois et ainsi limiter ma consommation d'énergie. La lessive, je la fais tôt le matin pour bénéficier du tarif heures creuses même si je ne sais pas si c'est utile."
Ces témoignages poignants ont frappé notre interlocuteur, mais le message principal que ces trois guerrières, ces trois mathématiciennes du quotidien comme elles aiment à se nommer, avait à faire passer était avant tout de changer de regard porté sur les plus pauvres : "On n'en peut plus d'entendre qu'on se complaît avec le RSA dans notre canapé toute la journée à regarder la TV, car encore faudrait-il pour cela avoir un canapé et une télé. Nous sommes des citoyens à part entière, des êtres humains qui subissent davantage la pauvreté que nous l'avons choisie. On doit nous respecter et entendre ce qu'on a à dire", ont-elles dit au ministre.
Au Secours catholique, nous sommes fiers de les accompagner et nous espérons que ces rencontres se multiplient, que les personnes engagées en politique viendront à la rencontre des plus pauvres et les écouteront. C’est à partir de leur parole que nous pourrons construire les outils de lutte contre la grande pauvreté et devenir une société exemplaire, où la fraternité avec les personnes les plus fragiles deviendra réalité.
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