A la découverte des reliques de l’évêque irlandais Saint Laurent O’Toole

Catherine Barbé, archiviste du diocèse de Rouen, revient sur l'ouverture exceptionnelle des reliquaires contenant les restes de Saint Laurent O'Toole. L'examen canonique a permis l'expertise scientifique de l'équipe du Dr Philippe Charlier, anthropologue et paléopathologiste spécialiste de l'analyse des corps de figures historiques. Retour sur les raisons de cet examen, l'atmosphère dans la collégiale d'Eu (Seine-Maritime) et les premières conclusions sur cet évêque irlandais du XIIème siècle.

Quand la science se mêle à la foi…

Le 20 février dernier, la collégiale d'Eu a accueilli une équipe de chercheurs. Elle est menée par Philippe Charlier : médecin légiste, anthropologue et paléo-pathologiste de renom qui authentifie les corps de grandes figures historiques. Cette fois, il est venu à Eu pour donner son expertise sur les reliques de St Laurent O'Toole ! Ce grand évêque irlandais a vécu ses dernières heures en terre normande en 1180.

L'ouverture exceptionnelle, avec l'autorisation de l'archevêque de Rouen, des deux reliquaires contenant son crâne et le reste de ses ossements permet, désormais, de les analyser avec des techniques modernes. En charge des archives diocésaines, Catherine Barbé était sur place, auprès du père Philippe Maheut, curé de la Paroisse St Michel d’Eu. Les Eudois veillent sur la dépouille du saint depuis 1180 : 

Un tout premier examen permettait de voir déjà qu’il n’y avait pas de doublon. C’était bien le squelette d’un seul et même homme ! 

Philippe Charlier, médecin légiste de formation, détecte des “anomalies” :  "une inflammation au niveau des genoux, qui pouvait expliquer des génuflexions régulières". Preuve s'il en est de la piété de l'évêque irlandais, mais surtout d'une vie rythmée par la prière. Il s’agit là d’une confirmation par la science de son statut d'ecclésiastique. 

“Un moment très solennel avec une forme d'émotion"

Alors que l'on célèbre les 800 ans de sa canonisation, Catherine Barbé décrit une ambiance très respectueuse à l'ouverture du reliquaire. Elle évoque l’équipe du Dr Charlier : 

Alors qu’on était nombreux, il y avait un silence vraiment très très respectueux. Tout le monde parlait à voix basse… c’était une forme d’émotion ! 

Seule déception de l'examen canonique…le crâne n'est pas dans un état permettant de connaître les traits du visage de Saint Laurent O'Toole - alors que les techniques modernes auraient pu le permettre. De belles découvertes sur le saint irlandais qui a sans doute souhaité garder un peu de mystère…