En ce deuxième dimanche de l'Avent, Jean le Baptiste prêche dans le désert et invite à la conversion. Cousin de Jésus et dernier prophète avant le Christ, il est imprégné de l'effervescence qui caractérise cette époque. Une époque où l'on voyait d'autres messies se déclarer en terre d'Israël. Jean, homme au caractère bien trempé, ose une parole tranchante... Explications de Régine Maire, bibliste et théologienne.
Évangile du dimanche 4 décembre (Mt 3, 1-12)
En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.
Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage. Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés.
Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens se présenter à son baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit digne de la conversion. N’allez pas dire en vous-mêmes : “Nous avons Abraham pour père” ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham.
Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »
Source : AELF
À cette époque, entre le IIIe siècle av. J.-C. et le IIe siècle de notre ère, on attendait le Messie qui allait renverser l'occupant romain. "C'était une époque d'effervescence, on voyait d'autres messies se déclarer en terre d'Israël, des prédicateurs annoncer la fin..." Jean le Baptiste est lui-même un homme pétri de cette attente, forgée en particulier par les derniers prophètes Daniel ou Zacharie. Cette effervescence, on la retrouve aussi bien "dans les premières communautés chrétiennes", souligne Régine Maire, mais aussi "dans les communautés juives, en particulier celles qui ont été expulsées d'Israël après la guerre de 66, et qui ont attendu la victoire de Dieu".
Dans la tradition biblique, le désert est le lieu de la conversion et de la purification. "Ce n'est qu'après cette purification que l'on voit bien le peuple hébreu rentrant en terre promise après ses déambulations dans le désert", rappelle Régine Maire. Quand il écrit ce texte, l'évangéliste Matthieu, s'adresse à "des disciples de Jésus issus pour la plupart du judaïsme", précise la bibliste : pour eux, comme pour tous les juifs de l'époque, le désert est "une notion forte". Le Nouveau Testament a été écrit, ne l'oublions pas, avec les éléments dont disposaient ceux qui écrivaient, c'est-à-dire toute l'histoire du peuple d'Israël.
Quand Jean le Baptiste lance un appel à la conversion, il parle d'un "retournement", nous dit Régine Maire. Il s'agit de "changer ma façon de vivre en ayant entendu la Torah, les appels de Dieu, et me mettant à vivre d'après la Torah et pas seulement d'après mes impulsions, mes soucis, mes amours, mes rejets ou mes passions..."
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