Comment comprendre ce que Jésus veut dire quand il nous donne sa chair à manger ? Cette parole a choqué il y a 2.000 ans et elle continue à nous choquer, voire à nous scandaliser. Dans l'Évangile de ce dimanche 22 août, saint Jean raconte que l'auditoire de Jésus refuse de l'entendre à ce sujet. L'évangéliste montre comment parmi ses disciples un vent de scission brise l'unité du groupe. Explications de Pierre Reversat, pasteur à Saint-Agrève (Ardèche).
Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !... C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. »
Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait. Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »
À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »
(Source : AELF)
Manger le corps du Christ et boire son sang, des paroles "bizarres, scandaleuses, si on les prend littéralement !" Pierre Reversat ajoute qu'on peut même traduire "manger" par "se régaler"... En réalité, ce n'est pas le mot "corps" mais "chair" qui est utilisé. "Un mot qui peut être compris comme la nature de l'être humain." En ce sens, la chair de Jésus désigne son corps mais aussi son identité, sa manière d'être au monde et tout ce qui fait sa personnalité.
"À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner", raconte saint Jean. Au sein des disciples, on assiste à une division. On entend une déception chez ceux qui attendent de Jésus un faiseur de miracles. Mais "le Christ n'est pas venu pour être une usine à miracles, c'est une forme d'idolâtrie d'être comme ça, ce n'est pas être un disciple", explique Pierre Reversat.
Dans ce texte, il est question d'une dualité entre la chair et l'esprit. "C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien", dit le Christ. Pour Reversat, cela signifie que "la nature humaine ne suffit pas" : "Quelles que soient notre culture, notre intelligence, nos études, croire en Jésus ce n'est pas de l'ordre du rationnel." Ainsi, tous, nous avons à faire le trajet de la matérialité pure de la vie à une dimension plus intérieure, plus spirituelle.
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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