Rendre à César ce qui est à César, l’expression est bien connue. Elle est même souvent utilisée dans les débats politiques. Ce que l’on sait moins c’est que cette locution est la traduction d’un passage du Nouveau Testament dans lequel Jésus doit faire face à des religieux venus le piéger. Une histoire de sous qui se retournera contre ceux qui sont prêts à tout pour épingler celui en qui ils voient un adversaire. Commentaires de James Woody, pasteur de l'Église protestante unie de France à Montpellier.
Évangile du dimanche 22 octobre (Mt 22, 15-21)
Les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège en le faisant parler. Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens. Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? »
Connaissant leur perversité, Jésus dit : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Montrez-moi la monnaie de l’impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. Il leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » Ils répondirent : « De César. » Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Source : AELF
Jérusalem, où se passe la scène racontée ici par Matthieu, c'est, comme le rappelle James Woody, "le lieu de toutes les tensions qui vont converger vers l'arrestation et la mise à mort de Jésus". On essaie de piéger Jésus : "C'est une sorte de piège à double contrainte", précise le pasteur. Si Jésus dit qu'il faut payer l'impôt à César, "dans ce cas-là, c'est un mauvais juif et un collaborateur". Mais si Jésus répond qu'il ne faut pas payer l'impôt, il passe pour "un révolté qui mérite de finir en geôle parce qu'il s'oppose au pouvoir romain".
Jésus est donc entraîné sur le terrain politique. "C'est un point qu'il nous faut garder à l'esprit", estime James Woody, au regard des débats actuels. "Est-ce que la foi, c'est simplement privé ou c'est pour tout le monde ? Ici, nous sommes sur l'espace public." Une question ô combien d'actualité !
Sortir du piège tendu par les pharisiens, c'est sortir d'une "logique binaire", souligne James Woody. "Jésus va créer une transcendance pour se mettre au-dessus de la mêlée." Le pasteur souligne que "bien souvent, nos églises ont tendance à s'occuper plus de César que de Dieu, beaucoup d'intendance et finalement peu de théologie... Ce qui est intéressant ici, c'est que Jésus remet de la théologie dans des vies paroissiales."
"Rendre à Dieu ce qui est à Dieu." La formule est bien connue, mais pour le pasteur, le terme "rendre" se réfère "à la logique du don". "On ne va pas rendre à Dieu l'identique de ce qu'il nous a donné mais César, on va lui rendre exactement ce qu'il nous a donné. Du côté de Dieu, il va falloir inventer ce que nous sommes capables de lui offrir. On est dans la catégorie du vivant et de la création."
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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