Expression empruntée à saint François d’Assise et dont on n’a pas besoin de souligner la saveur biblique. Certes, l’idéal de fraternité est présent bien au-delà du monde de la Bible, mais justement, il est présent comme un idéal, c’est-à-dire quelque chose qui reste par définition inaccessible. Dans l’Évangile, au contraire, la fraternité devient quelqu’un – le Christ, symbolisé par le Bon Samaritain, qui s’approche de l’homme à demi mort au bord du chemin et lui dispense les soins dont il a besoin. Dans un passage de l’encyclique, le Pape reprend (comme l’avait fait jadis Jean-Paul II) notre devise nationale « liberté, égalité, fraternité ». Il est pathétique de constater à quel point notre société contemporaine se concentre sur le mot « liberté » (en le mettant de préférence au pluriel), témoigne une obsession sourcilleuse à l’égard des inégalités, mais semble n’avoir plus rien à dire au sujet de la fraternité : silence révélateur s’il en est !
Cela nous montre à quel point, là où le discours politique tourne court, nous avons besoin d’une parole venue d’ailleurs. Le Pape François, intrépide, y associe à cinq reprises, avec le patriarche Bartholomée, le grand imam Ahmad Al-Tayyeb avec qui il a signé en 2019 à Abou Dhabi une déclaration commune. Comme il l’a déjà fait à propos de l’écologie avec l’encyclique Laudato si’, le Saint-Père convoque les chefs spirituels de l’humanité entière pour lancer un grand appel à une logique de fraternité. L’enjeu n’est-il pas d’ailleurs le même que pour les questions écologiques ? C’est celui d’une véritable « communauté mondiale » déjà appelée de ses vœux par Benoît XVI et dont François nous dit qu’elle est plus urgente que jamais.
Puisse son appel être entendu. Et puissent les grandes religions du monde le soutenir unanimement.
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