En 1882, Nietzsche prophétisait la mort de Dieu dans "Le Gai Savoir". Plus de 130 ans après, en ce mois de janvier 2018, paraissent trois essais qui disent quelque chose sinon de la vitalité du catholicisme, du moins de sa grande pertinence dans une société déchristianisée. François Huguenin titre "Le pari chrétien" (éd. Tallandier) et interroge sur la place du christianisme dans une société en perte de sens. L'essai de Patrice de Plunkett résonne comme un avertissement : "Cathos, ne devenons pas une secte" (éd. Salvator), dans un monde où la perte des repères en pousse plus d'un vers le repli identitaire. Quant à Denis Moreau, il s'efforce de faire dialoguer les catholiques et les autres avec le très philosophique "Comment peut-on être catholique ?" (éd. Seuil).
Il y a un an, en janvier 2017, Erwan Le Morhedec publiait "Identitaire - Le mauvais génie du christianisme" (éd. Cerf). Aujourd'hui, la "menace identitaire" est toujours là considère Denis Moreau, une "menace de de recroquevillement, d'installation dans une mentalité consanguine de forteresse assiégée". Or "être entre-soi, penser tous pareil et se dire qu'on a raison", voilà qui est "dangereux" selon le philosophe et "même anti-évangélique".
Du côté de François Huguenin, ce n'est pas tant l'identité qui menace qu'une certaine forme de déni. "Nous sommes en train de faire le constat que notre société n'est plus chrétienne et que la chrétienté est derrière nous." Pour être catholique aujourd'hui admet Denis Moreau, "il faut d'abord avoir l'humilité parce que ça suppose qu'on reconnaisse qu'on est en possition de faiblesse".
Or chez certains catholiques il semble que le travail de deuil ne soit pas encore amorcé. Soit "on est dans l'acceptation de ce travail de deuil, soit dans une forme de déni" et l'objet du livre "Le pari chrétien" est précisément "d'accompagenr ce travail de conscience des chrétiens de savoir dans quel monde ils sont".
La tentation communautariste va souvent de pair avec celle d'un passé idéalisé et de l'idée d'une certaine droite. Patrice de Plunkett appelle "crispation nostalgique" l'expression d'un "enlisement dans le droitisme". "Ces valeurs de la droite dont personne ne sait ce qu'elles peuvent bien être comme si c'était l'identité catholique." Le journaliste confie avoir "mis 10 ans à comprendre que l'Église n'est pas un parti, que ce n'est pas une question d'idée mais de rencontre personnelle avec le Christ". Or "la seule identité du catholique c'est la personne de Jésus Christ" et suivre le Christ, "ça peut nous mener vers des gens ou des lieux qu'on n'aurait pas vraiment envie de fréquenter en raison de notre éducation ou de notre milieu". En d'autres termes "le message de l'Église... ne correspond pas à ce qu'on appelle communément les valeurs de la droite". Il est en tout cas à l'exact opposé de la logique communautariste.
Défendre la foi chrétienne au XXIè siècle c'est précisément amorcer un dialogue, là où le communautarisme est un refus de la discussion. L'apôtre Pierre, premier des papes, nous a laissé ce message : "Honorez dans vos cœurs la sainteté du Seigneur, le Christ. Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous." (1Pi 3, 15). Quand la vitalité du catholicisme se mesure à sa capacité de dialogue et d'ouverture au monde.
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