Dans l'évangile du troisième dimanche de l'Avent, le prophète Jean-Baptiste parle du Messie tant attendu par le peuple d’Israël. Luc décrit des foules d'anonymes assoiffés de Dieu. Des Juifs pieux ou des gens pas très fréquentables viennent sur les rives du Jourdain pour l'entendre et se faire baptiser. Jean-Baptiste les renverra, c'est son rôle, à "plus grand que lui"... Explications du Père Jacques Nieuviarts.
Évangile du dimanche 15 décembre (Lc 3, 10-18)
Les foules lui demandaient : « Que devons-nous donc faire ? » Jean leur répondait : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! » Des publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) vinrent aussi pour être baptisés ; ils lui dirent : « Maître, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. »
Des soldats lui demandèrent à leur tour : « Et nous, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort ; et contentez-vous de votre solde. » Or le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ.
Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. » Par beaucoup d’autres exhortations encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.
Source : AELF
Il faut toujours rappeler que les évangélistes ont écrit leurs textes bien après la Résurrection : celle-ci imprègne leurs écrits. Par exemple, Luc a rédigé son évangile cinquante ans plus tard, et pour le Père Nieuviarts, on voit qu’il "est déjà nourri d’une compréhension en profondeur". C’est aussi "ce qui fait que les évangélistes nous disent assez peu de choses anecdotiques, ils rassemblent de l’essentiel pour nous le faire comprendre".
Ainsi, quand Luc parle des "foules", ce n’est pas un terme vague et indéfini. Elles sont même très importantes chez cet évangéliste. D’ailleurs, il en était question dans l’Évangile du dimanche précédent, où Jean proclamait déjà un baptême de conversion pour le pardon des péchés.
"Les foules", ce sont tous ceux qui sont en dehors de la loi. À cette époque, dans la religion juive, il n’y avait pas moins de 613 commandements ! Qui pouvait se targuer de suivre toutes ces règles à la lettre ? Autant dire que cela rendait inutile toute démarche de purification au temple. "Les foules, c’est cet ensemble de gens qui se sentent laissés pour compte par rapport à la grandeur de la loi." Et pourtant, comme le souligne le Père Nieuviarts, "ils ont une soif de Dieu, de changement, du pardon des péchés". Et c’est cela précisément que leur annonce Jean Baptiste.
La Bible dit que Jean-Baptiste est le fils de Zacharie et qu’il appartient à la tribu de ceux qui servent dans le Temple. Au temps de Jésus, il y avait nombreux courants de pensée au sein du judaïsme, comme les pharisiens, les saducéens… "Jean-Baptiste est dans cette voie, peut-être plus mineure et pourtant très forte, de gens qui se disent : si on se jette dans les eaux du Jourdain en proclamant qu’on veut le bouleversement de notre vie, alors on reçoit le pardon des péchés, et on peut vivre de façon nouvelle !" C’est au cœur de cette foule anonyme que Jésus viendra, et où il montrera qu’il est solidaire des petits, de pauvres et aussi des pécheurs.
On peut dire que Jean-Baptiste est un personnage pivot, qui fait la jonction entre le Premier et le Nouveau Testament. Il a été jeté en prison avant même le baptême de Jésus, rappelle Jacques Nieuviarts : "Ça nous dit que les temps sont accomplis".
Jean-Baptiste, c’est celui qui a cette formule célèbre : "Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue" (Jn 3, 30). "C’est complétement vrai dans l’Évangile de Luc", note le bibliste. "Jean-Baptiste annonce. Et ensuite viendra le temps de Jésus. L’Évangile, ça sera le temps de Jésus durant lequel l’Esprit saint se manifestera pleinement dans ses paroles et dans ses actes. Et ensuite viendront les Actes des apôtres, ça sera le temps de l’Église qui a reçu l’Esprit, qui est ce peuple messianique appelé à porter ce fruit de l’esprit de Dieu."
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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