L'Évangile du deuxième dimanche de l'Avent nous emmène sur les traces de Jean le Baptiste. Figure de proue dans la vie Jésus, il est l'humble porteur d’une nouvelle qui le dépasse totalement et qu’il brûle de transmettre. Selon le pasteur James Woody, on a contenu dans ce texte tout le côté subversif des évangiles.
Évangile du dimanche 8 décembre (Luc 3, 1-6)
L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie.
Il parcourut toute la région du Jourdain, en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète :
Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu.
Source : AELF
L'évangile du deuxième dimanche de l'Avent évoque une période qui se situe au tout début du ministère de Jésus. Il va être question d'un événement qui va avoir un retentissement au-delà de la sphère du religieux. Pour James Woody, pasteur de l'Église protestante unie de France (EPUdF) à Montpellier, ce texte a une portée politique. "Cette mention du politique est extrêmement prégnante." Il s'agit du politique au sens des affaires de la cité, de l'espace public.
Il est donc question de Tibère, le deuxième empereur romain (de 14 à 37), mais aussi de Pilate, gouverneur de la Judée, que l’on retrouvera au moment du procès de Jésus. Et enfin des grands prêtres qui se trouvent à Jérusalem : Hanne et Caïphe. "Le grand prêtre est un être d’exception, rappelle James Woody, qui a tout pouvoir sur le plan religieux au sein de la communauté juive." Il a le privilège d’être "le plus intime de Dieu dans tout le peuple hébreu à ce moment-là".
Après cette liste de titres honorifiques, on découvre que c’est Jean qui reçoit la parole de Dieu, dans le désert qui plus est ! "C’est tout le côté subversif de cet évangile, c’est que la parole de Dieu ne retentit pas dans les lieux que nous identifions ou que nous décidons d’identifier comme particulièrement sacrés."
Le désert, c’est le lieu du silence : le mot grec qui désigne le désert signifie "le lieu privé de parole". "Et là, une parole de Dieu vient rompre le silence", décrit le pasteur. Pour lui, c'est une façon de dire que l’homme ne maîtrise pas la parole de Dieu. "Le religieux est au service de la parole de Dieu. Il n’en est pas le maître." Il y a donc dans ce texte "une sorte de contestation du pouvoir que le clergé aurait à contrôler le sacré".
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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