"Malheureusement, il y a tellement de chrétiens et de ministres hypocrites", a dit récemment le pape François. Dans l'Évangile de ce dimanche 29 août, il est aussi question d'hypocrisie. On y voit des notables religieux obsédés par l'application de rituels, au risque d'oublier l'essentiel... Une histoire de purs et d'impurs dont Jésus va tirer une remarquable conclusion : la seule exigence qui vaille est la pureté de cœur. Pour commenter ce texte, Béatrice Soltner reçoit Marie-Christine Bernard, théologienne spécialisée en anthropologie et comédienne.
"Les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, se réunissent auprès de Jésus, et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. – Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, par attachement à la tradition des anciens ; et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de carafes et de plats. Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas avec des mains impures. »
Jésus leur répondit : « Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. »...
Appelant de nouveau la foule, il lui disait : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur… Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »"*
Au temps de Jésus, les pharisiens et scribes sont, au sein du peuple hébreu, les garants de la loi, de la rectitude doctrinale. Ils veillent au respect de la loi de Moïse. Ils sont les gardiens "d’une identité culturelle et religieuse". Marie-Christine Bernard rappelle que "dans un contexte d’occupation", il y a "une question d’identité" en jeu, pour le peuple hébreu, "qui risque de se diluer au milieu des païens".
Ne pas se mélanger aux païens, pour le peuple hébreu, cela passe par une série de prescriptions sur la préparation des aliments comme sur les vêtements… "Un des enjeux du peuple biblique, c’est bien celui du mélange : a-t-on le droit de se mélanger ?" Aussi toutes les règles vont-elles "dans le même sens, à savoir : quand on commence à mélanger, c’est impur". D’un point de vue anthropologique, pour Marie-Christine Bernard, il y a là quelque chose d’impossible, car "on est toujours quelque part influencé par l’environnement, les autres etc." "Il y a quelque chose d’une utopie là-dedans, qui peut se retourner contre le peuple lui-même..."
Quand il les traite d’hypocrites, Jésus n’y va pas de main morte avec les pharisiens. Mais on remarque que les pharisiens et les scribes font toujours référence à la tradition, et jamais à Dieu. "Ils ont comme oublié le fait qu’il y avait d’abord une relation à Dieu à assumer !"
"Jésus dit simplement : si vous oubliez le lien entre les lois et la relation à Dieu vous en perdez le sens." Et Dieu devient un prétexte pour faire ce dont on a envie… D’ailleurs, les pharisiens semblent "chercher la petite bête", puisqu’ils repèrent les quelques disciples de Jésus qui ne savent pas les mains. "Ils se précipitent dessus pour mettre en cause l’autorité de Jésus."
* Source : AELF
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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