C’est sans doute l’une des questions les plus posées aux protestants : croient-ils en Marie et la vénèrent-ils comme le font les catholiques ? À l’occasion du "Mois de Marie" chez les catholiques, RCF vous explique quelle place la mère de Jésus tient vraiment dans la foi protestante.
Alors que les catholiques consacrent leur mois de mai à Marie, les protestants eux n’en feront rien. En effet, si la Vierge occupe une place très importante pour les premiers, elle a une place secondaire pour les seconds, même si sa figure est souvent présentée comme un modèle dans certains courants protestants.
Disons-le d’emblée : les protestants croient en Marie, pour la simple est bonne raison qu’elle est mentionnée dans les Évangiles. Ainsi, en se basant sur les textes de l’Annonciation, de la Visitation et sur les quelques autres mentions, ils reconnaissent qu’elle a porté Jésus en son sein et qu’elle lui a donné naissance.
Mais s’ils croient en Marie, pourquoi ne la vénèrent-ils pas comme le font les catholiques ? La réponse tient dans le fait que les protestants sont strictement attachés au "Sola Scriptura", c’est-à-dire à "l’Écriture seule". Or, dans les Évangiles, Marie n’est pas présentée comme une personne qu’il faut vénérer. La vénération de la Vierge chez les catholiques est le fruit de dogmes marials, apparus bien après la rédaction des Écritures : d’abord en 431, quand l’Église est déclarée "mère de Dieu", puis en 1854 avec la proclamation du dogme de l’Immaculée conception et en 1950, avec celle de l’Assomption.
Autre explication au fait que les protestants ne vouent pas de culte à Marie : le fait que les Écritures, dont les Dix commandements, rappellent qu’il n’y a qu’un seul Dieu et qu’il ne peut pas y avoir d’autres idoles. L’Évangéliste Matthieu le rappelle à son tour dans son chapitre 4, verset 10 : "Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul".
Ainsi, pour les protestants, vouer un culte à Marie ou à un Saint, serait considéré comme une forme d’idolâtrie, qui détourne du seul Dieu. Pour eux, il ne peut y avoir qu’un médiateur entre Dieu et les Hommes : Jésus Christ, car c’est à travers lui que Dieu s’est fait homme.
Mais même si Marie ne fait pas l’objet d’un culte chez les protestants, sa figure est souvent citée comme un exemple à suivre. Le réformateur Martin Luther lui-même accorde une grande importance à la mère du Christ. Dans son commentaire du Magnificat, il la présente ainsi comme une "messagère de l’Évangile". Comparativement à son prédécesseur, le réformateur Jean Calvin va quant à lui mettre une distance plus importante avec les Saints et donc avec Marie. Néanmoins, il reconnaît sa docilité et sa fidélité envers et contre tout.
De fait, la plupart des protestants ont un "profond respect pour Marie", assure le pasteur protestant Jean-Luc Tabailloux dans une vidéo Youtube : "elle a fait preuve d’une foi extraordinaire ; tous les chrétiens, quelle que soit leur étiquette, devrait l’imiter".
Pour certains croyants cartésiens qui peinent à croire qu'elle a été vierge, les passages de l'Annonciation et de la Visitation sont surtout un prétexte pour s'interroger spirituellement sur leur place à eux. "C’est une manière de dire que chacun d’entre nous peut être une Marie et peut accueillir cette présence de Dieu en nous, où Dieu grandit en nous pour l’accoucher dans le monde, c’est-à-dire transmettre sa parole dans le monde", explique Carolina Costa, théologienne et pasteure de l’Église protestante réformée au Canada.
À noter une exception tout de même parmi les courants protestants : la vision de l'Église anglicane. Cette branche souvent décrite comme étant la plus proche du catholicisme accordent une place différente à la Vierge Marie. S'ils estiment que Marie ne doit pas éclipser le Christ, ils reconnaissent sa maternité divine, sa virginité et sa sainteté exemplaire. À tel point que l'on retrouve des statues de Marie dans de nombreuses églises et cathédrales anglicanes. À l'opposé, les Pentecôtistes et les Évangéliques rejettent plus fortement la figure de Marie. Les prières et dévotions y sont même parfois considérées comme diaboliques.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !