Dimanche 5 mai, les chrétiens orthodoxes fêteront Pâques à leur tour, plus d’un mois après les catholiques et les protestants. À cette occasion, les orthodoxes ont des us et coutumes particuliers. De la Grèce à la Russie, en passant par l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, voici les différentes traditions liées à la Pâques orthodoxe.
S’ils partagent la même croyance et célèbrent tous la Résurrection du Christ à l’occasion de Pâques, la date et même les traditions ne sont pas les mêmes entre chrétiens catholiques, protestants et orthodoxes. Alors que les orthodoxes se préparent à fêter Pâques le dimanche 5 mai 2024, petit aperçu des différents rites et coutumes partout dans le monde.
C’est une tradition commune à tous les pays où l’orthodoxie est présente : les œufs peints. Ici, pas question d’œufs en chocolat, mais bel et bien d’œufs de poule qui sont peints ou plutôt teints, à l’occasion du Jeudi Saint. Ceux-ci sont généralement teints en rouge, pour symboliser le sang du Christ. Traditionnellement, les œufs sont teints dans de l’eau chaude avec des pelures d’oignon ou du vinaigre, mais il existe d’autres techniques notamment avec la betterave rouge ou du colorant artificiel. Certains vont plus loin et décorent les œufs avec de la cire d’abeille. De nos jours, il existe même des autocollants pour les décorer.
Une fois ces œufs peints, il n’y a pas de chasse aux œufs comme le veut la tradition en France, mais des jeux divers. En Russie, il existe notamment le jeu de la glissade des œufs. Il faut faire rouler un œuf décoré sur une planche inclinée afin qu’il touche les autres œufs en bas. Celui qui en touche le plus a gagné.
En Grecque, il existe même un mot spécial pour désigner un jeu fait à l’occasion de Pâques avec les œufs : le “tsougrisma”. Il signifie littéralement "battre" et désigne l’action de frapper deux œufs l’un contre l’autre, après la messe de la Résurrection. Celui dont l’œuf reste intact est considéré comme étant béni pour l’année à venir.
En Russie, les œufs peints ainsi que les autres mets réalisés sont bénis par le prêtre, la veille de Pâques. Deux plats sont d’ailleurs emblématiques de cette fête religieuse là-bas : le koulitchs, la paskha. Le premier désigne une brioche en forme de cylindre décorée avec un glaçage blanc coulant. Le second est un gâteau au fromage blanc, raisin et noix, en forme de pyramide pour rappeler le Saint-Sépulcre. Ces deux plats représentent l’abondance retrouvée après le Carême. En mangeant ces plats bénis une fois Pâques passée, on dit que le croyant s’unit au divin.
Les Grecs orthodoxes préparent eux-aussi des plats typiques à l’occasion de Pâques, mais ce ne sont pas les mêmes. L’aliment à l’honneur est plutôt l’agneau rôti à la broche en l’occurrence. Ils mangent également le kokoretsj, des abats d’agneau entourés de ses boyaux rôti à la broche. Le tout est accompagné de salades, de pommes de terre au four, de mezze et bien sûr des œufs colorés.
Lors du Vendredi saint, alors que les catholiques vénèrent la croix, symbole de la crucifixion, les orthodoxes eux prient autour du linceul du Christ. C’est ce qu’on appelle la procession de l’épitafios, parfois écrit épitaphios et que l'on peut traduire par épitaphe, en français.
En Grèce, ce sont les jeunes filles qui ont la responsabilité de décorer le dais funéraire, c’est-à-dire une sorte de civière en bois, symbole du cercueil du Christ, avec des fleurs, des guirlandes ou des tissus brodés. Dans certaines régions, les fidèles gardent ces fleurs considérées comme miraculeuses.
Dans certains pays, une effigie de Judas est fabriquée puis brûlée au cours de cette procession. Enfin, c’est ce soir-là que les croyants ont pour habitude de se rendre sur les tombes de leurs proches.
Le point culminant des célébrations de Pâques a bien évidemment lieu dans la nuit du Samedi saint au dimanche. Si les catholiques ont pour tradition d’allumer le cierge pascal au cours de la vigile pascale, les orthodoxes du monde entier eux reçoivent et se partagent une flamme bien particulière et mystérieuse !
Celle-ci vient directement du Saint-Sépulcre, où elle s’est allumée toute seule quelques heures plus tôt, sans explication et sans aucune intervention humaine. Cette chose étonnante se produit dans la chapelle construite à l’endroit où se situerait le tombeau du Christ, à l’intérieur du Saint-Sépulcre. Le patriarche orthodoxe de Jérusalem y pénètre et en ressort triomphalement en brandissant des cierges enflammés.
Dans une grande liesse, la flamme (dont on dit même qu’elle ne brûle pas) se transmet alors de cierges en cierges, et est ensuite acheminée grâce à des vols spéciaux vers les Églises orthodoxes de l’étranger.
C’est une ville de Grèce qui la reçoit en premier. Dans ce pays, les bougies sont traditionnellement ornés de symboles religieux, réalisés avec de la cire d’abeille ou entourés par des rubans. C’est la coutume de la Lambada. En principe, cette bougie décorée est offerte par le parrain et la marraine et s’accompagnent de cadeaux. Une fois la messe passée, les Grecs essaient de garder cette bougie allumée pendant au moins quarante jours, jusqu’à l’Ascension.
Outre les bougies, les Russes ont une autre façon de symboliser la Résurrection. Dans la nuit du Samedi saint, ils ont pour coutume de faire une procession dans les rues, derrière la croix et les icônes. La procession se termine devant les portes de l’église, qui s’ouvrent, symbole de la Résurrection du Christ. À ce moment-là, le prêtre annonce "le Christ est ressuscité" et tous répondent "en vérité, il est ressuscité". Cet échange se reproduit entre chaque personne, les jours qui suivent Pâques.
En Grèce, l’autre tradition de la nuit de Pâques est de tirer des feux d’artifice et de claquer des pétards après la messe. Ils sont tous lancés vers minuit, ce qui créé de véritables bouquets de couleurs dans le ciel. Un moment magique, bien que dangereux.
En rentrant, les orthodoxes grecs front trois signes de croix au-dessus de leur porte d’entrée pour bénir leur maison. Puis ils se retrouvent en famille autour de la magiritsa, la soupe avec les abats de l’agneau du lendemain. Ce plat est destiné à soulager l’estomac après le long jeûne pendant les 40 jours de Carême et à le préparer au festin du lendemain.
Au cours de tous ces jours de festivités, les orthodoxes bénéficient souvent de quatre jours de congés, du Vendredi saint au lundi de Pâques.
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