Promenade dans le jardin d'Eden avec Ruth Ouazana, consultante et formatrice en dialogue interreligieux et interculturel. Elle revient aujourd'hui sur la figure d'Ève et plus symboliquement de la femme dans le livre de la Genèse.
La femme devient Ève à la fin du chapitre III de la Genèse, avant de descendre sur terre. "Pour l'instant on est encore dans la relation de l'homme et de la femme. Elle ne deviendra Ève qu'après un ensemble d'épreuves qu'elle va vivre avec son conjoint et elle sera nommée en tout dernier lieu avant d'arriver sur terre" rappelle Ruth Ouazana.
Dans l'épisode de la semaine dernière nous avions vu que Dieu avait créé la femme à partir du côté d'Adam (et non pas de sa côte précise la consultante en dialogue interreligieux). L'homme et la femme vivent dans le jardin d'Eden. "Ils savent ce qu'ils doivent faire et ce qu'ils ne doivent pas faire. Ce qu'ils peuvent faire c'est manger de tous les arbres du jardin, c'est cultiver le jardin pour qu'il continue à fleurir et ce qu'ils ne doivent pas faire c'est manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal". C'est la seule consigne que Dieu donne à Adam et Eve. Ils ne vont pas respecter cette consigne. L'inverse aurait été, pour Ruth Ouazana, "bien triste et bien dommage".
Dans la tradition juive, le péché originel n'est pas considéré comme une "chute" mais plutôt comme une "élévation". La figure du serpent, à l'origine de cette transgression, symboliserait la liberté de choix que Dieu donne aux humains.
Adam et Eve, qui ont une attitude d'enfants dans le jardin d'Eden, vont, d'une certaine façon, devenir adultes avec le péchê. "En mangeant du fruit de la connaissance de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, c'est comme s'ils avaient intégré, à l'intérieur d'eux mêmes, les codes, les codifications, les lois qui doivent être faites en tant qu'adultes. C'est à dire que c'est le moment de l'adolescence" explique Ruth Ouazana.
Goûter le fruit va avoir certaines conséquences sur la vie d'Adam et Ève qu'on appelle les "malédictions". Ruth Ouazana rappelle qu'en vérité il y a une seule malédiction et qu'elle concerne le serpent. Les hommes et les femmes, eux, reçoivent des "conséquences". À la femme, Dieu dit : "j'aggraverai tes labeurs et ta grossesse, tu enfanteras avec douleur, la passion t'attirera vers ton époux et lui te dominera". Une sentence, qui même si elle n'est pas à proprement parler une malédiction, est difficile à entendre en 2021.
Pourtant pour Ruth Ouzana, cette conséquence n'est pas forcément à voir comme la mise en place d'une domination masculine mais plutôt d'un rééquilibrage. "C'est lui demander [à la femme] de porter un peu moins la culotte ! Dans le passage d'avant on a vu que c'était elle qui avait pris les décisions et là on lui demande de se calmer et de savoir prendre une place dans laquelle elle donne au moins une égalité si ce n'est plus à son mari."
Cette émission, réalisée sous forme d’entretiens, a pour objectif la découverte des racines juives du christianisme. La culture et les références chrétiennes étant de moins en moins connues, il est important d’en rappeler les racines et donc le sens. Et c’est dans la tradition juive qu’il faut chercher cet enracinement, tant dans le domaine de la prière que de l’éthique ou des textes évangéliques.
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