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Père André Cabes, "la confiance énorme que Lourdes nous donne"

Un article rédigé par Véronique Alzieu, Odile Riffaud - RCF, le 14 août 2023 - Modifié le 1 août 2024
Grand TémoinLe père André Cabes, recteur du sanctuaire de lourdes

Le Pèlerinage national de l'Assomption attire des milliers de pèlerins à Lourdes, du 11 au 16 août. L'occasion de revenir sur la figure du Père André Cabes. Ancien recteur du sanctuaire marial, il s'est éteint le 30 juillet 2023. En 2017, 40 ans après son ordination, il revenait sur son parcours au micro de Véronique Alzieu. Il parlait de cette "confiance énorme" que lui donnait le message de Lourdes...

Ancien recteur du sanctuaire de Lourdes, le Père André Cabes est mort le 30 juillet 2023 (Photo ©Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes)Ancien recteur du sanctuaire de Lourdes, le Père André Cabes est mort le 30 juillet 2023 (Photo ©Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes)

C'était un enfant du pays. Le Père André Cabes, recteur du sanctuaire Notre-Dame de Lourdes entre 2015 et 2019, est mort le 30 juillet 2023 à l’âge de 72 ans. En 2017, 40 ans après son ordination, il témoignait sur RCF, au micro de Véronique Alzieu. Il décrivait son parcours de foi, un cheminement spirituel marqué par la "stabilité" grâce à ses "racines" et "aux amitiés". Lecteur d'Emmanuel Mournier, de Martin Buber ou de Gabriel Marcel, le Père André Cabes était fasciné par "la personne humaine" : ce "miracle pour lequel Dieu a créé le monde".

 

"Je n’ai pas peur de me retourner vers ce qui s’est passé… tout ce qui me rend heureux, tout ce qui me fait honte, tout ce dont j’ai peur, tout ce que je n’ai pas bien fait, toutes les erreurs que j’ai commises, les méchancetés que j’ai commises aussi. Il y a tout ça dans ma vie. Mais tout ça devient cette matière tantôt noble, tantôt boueuse, qui n’empêche pas la graine de germer et de pousser. C’est ça, la confiance énorme que Lourdes nous donne, que le mystère chrétien nous donne – Lourdes n’est qu’une épiphanie du mystère chrétien."

 

Un enfant du pays marqué par les bouleversements de mai 68

 

"Ce sont mes racines, je suis né là ça s’entend !" André Cabes a grandi au pied des Pyrénées, éternel point de repère pour qui vit dans la plaine. Né à Tarbes en 1950, il a connu "une autre France, un autre pays", celui "d’avant les années 60". Un nostalgique qui ne voulait pas idéaliser le passé car "on savait tout de tout le monde... Il n’y avait pas de vie privée on était pris aussi dans un carcan." Il avait 17 ou 18 ans et il étudiant déjà au séminaire quand a éclaté la révolte de mai 68. "Une tempête", se souvenait-il, "il fallait voir quand même que tous les éléments extérieurs qui balisaient le chemin sont tombés en l’espace de quelques mois ! Les rythmes de prières, les réunions, la façon de faire les cours, tout a été bousculé !" 

 

Point de repère dans ce "tremblement de terre", la figure maternelle de Marie et "une manière mariale" de "vivre l’Église". "Je pense que cette manière de vivre l’Église était une manière mariale, nous l’avons vécue comme quelque chose qui nous portait auxquelles nous répondions paisiblement, joyeusement." André Cabes n’était "pas du tout" du côté des "révolutionnaires" et il a pris position "ni pour ni contre les évènements qui se passaient". Lecteur de Martin Buber, d’Emmanuel Mounier ou de Gabriel Marcel, ce qui le passionnait, c'étaient les auteurs "qui nous montraient la personne en relation".

Une vocation "naturelle"

 

Aîné d’une fratrie de trois enfants, ayant grandi dans une famille chrétienne, André Cabes n’a pas connu de grande conversion spectaculaire au cours de sa vie de foi. Il se souvenait d’un climat général dans lequel il avait été conduit "naturellement" à se poser la question de la vocation. "Ça peut peut-être surprendre mais la réponse est venue avant la question, c’était presque naturel… pour « un petit enfant sage, qui suivait l’école, qui allait à la messe, qui allait au catéchisme." Un jour, pendant la journée de vocation, où "le supérieur du petit séminaire circulait dans les paroisses", ce dernier a dit à sa mère : "Celui-ci quand est-ce que vous nous le donnez ?" André Cabes a été envoyé au petit séminaire alors qu’il n’avait pas 10 ans. "J’y ai pleuré toutes les larmes de mon corps", racontait-il, mais "il était dans mon cœur de manière presque automatique que je voulais servir le Bon Dieu, servir l’Église."

 

 

 

C’est toujours ma stupeur, la personne humaine ! Le miracle pour lequel Dieu a créé le monde

 

 

 

Le message de Lourdes

 

"J’ai dû aller à Lourdes dans le ventre de ma maman." Pour qui est né à Tarbes et "pour les chrétiens de la région", le sanctuaire "fait partie de l’horizon normal". C’est là qu’André Cabes a été envoyé en tant que diacre et où il a été ordonné prêtre en 1977. "C’était le oui dit à l’Église, elle faisait de moi ce qu’elle voulait." En 40 ans de prêtrise, André Cabes a connu "des moments de crise", a-t-il admis, "mais toujours sur fond de cette stabilité qui est due aux racines qui me portent et aussi aux amitiés qui ont jalonné le chemin".

 

Lourdes, pour André Cabes, c’était d’abord "la personne de Marie". "Cette figure féminine qui accompagne notre foi et qui me semble centrale absolument, puisque c’est en elle qu’on tout le mystère chrétien…. On a la foi parce que Marie est la croyante finalement, et c’est ça que j’ai découvert finalement." André Cabes, qui était membre de la société d’études mariales, soulignait que "le jour où Marie a dit Je suis l’Immaculée Conception" était un 25 mars, soit "neuf mois avant Noël". "Il y a quelqu’un qui se forme à ce moment-là. Si elle est immaculée ce n’est pas pour se faire admirer c’est pour pouvoir laisser passer, sans qu’aucun obstacle ne s’y oppose, celui qui veut se donner à elle et qu’elle puisse le porter au monde."

 

Peu à peu c’est aussi la figure de Bernadette qu’André Cabes a pu découvrir. Pour lui, "la rencontre de Marie et Bernadette" est "la matrice de Lourdes". "Une rencontre de personne à personne qui nous donne le mystère de Dieu… C’est toujours ma stupeur, la personne humaine ! Le miracle pour lequel Dieu a créé le monde."

 

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