J’entends, presque tous les jours, une petite musique qui dit : « c’est la faute à… ». La faute à l’inflation, à la grande distribution, aux institutions, à l’éducation nationale, aux maires, au gouvernement, aux réseaux sociaux, aux étrangers, aux chômeurs, à l’Europe, à la guerre en Ukraine, aux relations internationales…
On ne peut pas dire que les temps soient apaisés ! Il y a tellement de craintes, d’incertitudes, de désorientation, de regrets, de déceptions…
Tout ça, ça produit du ressentiment. Ca engendre une société en colère. Et en corolaire, une société assise sur un baril de poudre, prête à se défouler, à se venger même.
C’est tellement simple de trouver un responsable ! En fait, c’est plus simple. Simpliste peut être. Faut-il écouter la sagesse de nos amis israélites ? C’est le Yom Kippour aujourd’hui, le jour du Grand Pardon, un jour bien utile pour charger un bouc émissaire de toutes nos colères, de tous nos ressentiments… un jour pour nous en débarrasser.
Mais alors j’aurais l’impression d’être condamnée à subir. Vandalisme et destructions de magasins, d’écoles, de crèches, de lieux symbolisant le pouvoir, attaques directes visant des élus de la république, incendie des camions des Restos du cœur…. repli identitaire, montée des extrémismes, rejet de l’autre… Et ça me parait évident : ce n’est pas parce qu’on a identifié et chassé notre bouc, qu’il n’y a pas de conséquences !
Mais bien sûr ! Quand je me sens impuissante, bien sur que je suis en colère ! Et quand j’ai le sentiment de ne pas être entendue, respectée, prise en compte… c’est normal que je proteste d’une manière ou d’une autre ! Mais attention ! Le ressentiment peut aussi transformer la colère en tristesse.
Il y a aujourd’hui trop d’attentes, trop de souffrance, trop de misère. Trop, trop…
C’est Catherine, bénévole à l’association des Œuvres Sociales et de l’Entraide Protestante de Nancy, OSEP, qui est une association membre de la Fédération de l’Entraide Protestante, c’est Catherine qui, je trouve, exprime très bien cette tristesse. Voilà ce qu’elle nous dit « Nous ne sommes pas assez nombreux à agir, nous ne recevons pas assez de dons, pas assez de denrées à distribuer, nous n’avons pas les mots pour communiquer avec ceux qui viennent de si loin. Pas assez, pas assez…
Il y a aujourd’hui trop d’attentes, trop de souffrance, trop de misère. Trop, trop… Et moi, je n’ose pas dire que c’était mieux avant. Je me rends compte que je suis amère. Tout est trop rapide, trop différent, trop moderne. Je m’épuise et j’ai peur que tout s’arrête. »
Voilà, je crois que le ressentiment est une mauvaise, et une triste réponse. Il attise la peur qui paralyse, et la colère qui fait déborder.
Mais ce n’est pas parce que j’en comprends les ressorts que je suis guéri du ressentiment. Ce n’est pas si évident, ça se saurait ! Finalement… Je me dis qu’il vaut peut-être mieux essayer d’assumer notre colère en la transformant en une sainte colère : celle qui montre qu’on ne s’habitue pas à l’injustice, qui chasse les marchands du temple, qui déclenche les mouvements collectifs qui font avancer l’histoire.
La sainte colère qui transforme la rancœur pour finir par l’éteindre, nous sortir de la passivité celle qui nous pousse à agir de manière responsable et digne !
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