Une réconciliation est-elle possible entre les femmes d'aujourd'hui et saint Paul ? L’apôtre a en effet une image de misogyne : et si cette image avait été véhiculée par certains Pères de l'Église ? Éclairages du Père Michel Quesnel, spécialiste du Nouveau Testament et auteur du livre "Paul et les femmes - Ce qu’il a écrit, ce qu’on lui a fait dire" (éd. Médiaspaul, 2021).
Dans ses écrits, saint Paul "ne parle pas énormément des questions de féminité", admet le Père Michel Quesnel, mais "il nomme plusieurs femmes". Ainsi, dans son Épître aux Romains, on trouve Phébée, Prisca, Chloé… "Saluez de ma part Prisca et Aquilas, mes compagnons de travail en Jésus Christ", écrit saint Paul (Rm 16, 3). Prisca et Aquilas ont travaillé étroitement avec lui, ils forment "un couple collaborateur de Paul", décrit le Père Quesnel.
Plus loin, il est question d’une autre, femme, Junias. "Saluez Andronicos et Junias qui sont de ma parenté. Ils furent mes compagnons de captivité. Ce sont des apôtres bien connus ; ils ont même appartenu au Christ avant moi." (Rm 16, 7) Junias est bien une apôtre, souligne le prêtre. "Dans l’animation de l’Église au premier siècle, il y a une hiérarchie dans les fonctions ecclésiales : en premier les apôtres, en deuxième les prophètes, en troisième les personnes chargées de l’enseignement." Ainsi, Junias occupe-t-elle la première place – avec son mari certes, mais "une femme seule n’avait pas quantité de droits dans l’Antiquité". Or, "il y a peu de gens qui sont nommés apôtres" ! Ce n’est donc pas anodin de considérer que Paul mentionne Junias comme femme et apôtre.
"Que la femme reçoive l’instruction dans le calme, en toute soumission. Je ne permets pas à une femme d’enseigner, ni de dominer son mari ; mais qu’elle reste dans le calme." (Tm 2, 11-12) Ce texte a probablement été écrit à la fin du Ier siècle, précise le spcialiste. C'est-à-dire "au moment où l’Église se structure selon les modèles de la société civile : dans la société civile c’étaient les mâles qui avaient les fonctions principales..."
Chez les Pères de l’Église, il y a "des propos assez nettement antiféministes", reconnaît Michel Quesnel. Ainsi, dans une homélie sur la Première Lettre de saint Paul à Timothée, Jean Chrysostome écrit : "Quand la femme s’est mêlée d’enseigner l’homme, elle a tout bouleversé elle a fait choir son mari dans la transgression. Le seul conseil que la femme a donné à l’homme a été catastrophique." Que Jean Chrysostome prête à saint Paul de tels propos sur les femmes, cela "n’a pas de raison d’être", estime le Père Quesnel.
Cette émission, réalisée sous forme d’entretiens, a pour objectif la découverte des racines juives du christianisme. La culture et les références chrétiennes étant de moins en moins connues, il est important d’en rappeler les racines et donc le sens. Et c’est dans la tradition juive qu’il faut chercher cet enracinement, tant dans le domaine de la prière que de l’éthique ou des textes évangéliques.
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