Cela fait trois mois qu'a été publié le rapport Sauvé. Rapport qui révélait le nombre de victimes d'abus sexuels dans l'Église catholique en France, depuis 1950. Trois mois après, un grand nombre de catholiques parlent encore de colère et de honte. Pour certains, on en parle trop ; pour d'autres au contraire, tout reste à faire...
Un mois après la publication du rapport Sauvé, RCF a lancé "Rapport Sauvé : construire l’Église d’après". Une série d’émissions mensuelles interactives, pour nourrir la réflexion qui permettra de construire l’Église de demain.
- Novembre : De victimes à témoins, de témoins à experts
- Décembre : De la sidération à la mise en mouvement
En octobre dernier, la commission Sauvé a rendu public son rapport sur les violences sexuelles à l’intérieur de l’Église. Ce rapport estime à 330.000, le nombre de victimes de prêtres ou de laïcs travaillant pour l'Église, entre 1950 et 2020. C’est la face sombre de l'Église qui a alors été mise en avant. Trois mois après, comment vont les catholiques ? Sont-ils tentés de quitter l'Église ? Quels sont ceux qui restent, déterminés à la rendre plus sûre ? Quelles sont les initiatives lancées dans les diocèses pour prévenir ou dénoncer encore les abus ?
Pour en parle, ce lundi 31 janvier, Véronique Alzieu et Pauline de Torsiac reçoivent Sœur Marie-Paule Trichereau, religieuse, supérieure de l’Institut apostolique de Marie immaculée ; Claire Col et Michel Lepercq, fidèles de l’Ensemble paroissial Croix-Rousse à Lyon ; Père Matthieu Thouvenot, vicaire général du diocèse de Lyon ; Augustin Rocoffort de Vinnière, séminariste du diocèse de Lyon.
Nombreux sont les auditeurs de RCF qui trouvent que l'on parle trop des abus sexuels dans l'Église. "Je fais partie de l’Église, je suis très blessée qu’on en parle tout le temps", confie Annie, auditrice de RCF en Savoie. Elle se dit "catastrophée" de voir "les églises se vider". Selon elle, plus on parle des abus sexuels commis par des prêtres, "plus on fait du tort et du mal".
"Personne ne parle des saints prêtres", regrette Annie, qui se montre aussi très critique à l'égard des médias. Sans doute est-il plus souvent question en effet dans les médias des révélations de scandales que des initiatives prises pour prévenir les abus. Et sans doute ne le dit-on pas assez : les abus sont le fait d’une minorité de prêtres et de laïcs en mission d’Église. Reste que le rapport Sauvé a parlé d’une logique systémique et de causes institutionnelles...
"La réception du rapport nous met en solidarité, en responsabilité", selon Sœur Marie-Paule Trichereau. Et cela passe d’abord par une prise de conscience individuelle, ce qui prendra du temps. Pour la religieuse, c’est le moment pour chacun de "grandir". La religieuse a des mots très forts quand elle explique qu’elle fait sienne "la honte" de l’Eglise. "Pour moi, personnellement, je me sens vraiment appartenir, c’est mon Église… je suis l’Église avec tous les autres, et donc il y a forcément de la honte… On est obligés d’endosser, d’aller dans le monde avec."
Mais il n’y a pas que les clercs ou les consacrés pour se sentir concernés. Claire Col, laïc, avoue elle aussi sa "honte" et parle d’un "sentiment de trahison très fort". "C’est mon Église aussi : en tant que baptisée je me sens impliquée dans l’Église, je me sens vraiment faire partie de cette Église et c’est depuis cette Église que j’aimerais me mettre en mouvement."
À l’échelle collective, l’Église catholique avance. Le synode sur la synodalité, lancé dans les diocèses en octobre dernier, est l’occasion de transformer l’Église, comme le rappelle Michel. Patricia auditrice de RCF à Dijon, admet que cela fait mal mais "le Christ est là". "Je suis sûre que tout ça on en sortira purifiées… Il faut voir notre Eglise telle qu’elle est aussi avec ses faiblesses."
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