Mgr Alfred Ancel (1898-1984) était reconnu comme un évêque inscrit dans son siècle. À la fois proche du monde ouvrier mais aussi prélat écouté et reconnu au Vatican, l’évêque auxiliaire de Lyon de 1947 à 1973 était décrit « comme un homme accessible » qui « inspirait de la confiance et du respect », par ceux qui l’ont côtoyé. À l’occasion des 40 ans de la disparition de Mgr Alfred Ancel, le diocèse de Lyon et l’Institut du Prado organisent “l’année Alfred Ancel” et proposent de découvrir cette figure qui a marqué son époque.
Une année Alfred Ancel. Il fallait au moins ça pour rendre hommage à un personnage qui a marqué son temps et dont la vie, jusqu’à présent, appartenait aux archives. Avec la série d’événements organisés tout au long de l’année 2024-2025, le diocèse de Lyon et les prêtres de l’Institut du Prado, dont Mgr Alfred Ancel était issu, compte bien rappeler au grand public catholique lyonnais à quel point cet évêque auxiliaire a dédié sa vie aux autres et à Jésus-Christ.
Né en 1898 dans une famille bourgeoise, d’industriels catholique, Alfred Ancel est, comme ses deux frères, entré au séminaire avant de devenir prêtre en 1923. Pourtant, très jeune, il fait le choix de s’engager dans l’armée, et de partir sur le front, pour combattre lors de la Première Guerre mondiale. C’est sur un col reliant la France aux Alpes italiennes qu’Alfred Ancel perd son œil droit, en tant que volontaire. « Aujourd'hui, ce choix peut être difficile à comprendre, mais à l’époque, peut-être que partir à la guerre était un sentiment évident ». Des années, et quelques blessures physiques et psychologiques plus tard, Alfred Ancel entre au séminaire pour se faire ordonner prêtre.
C'était un homme intelligent et clairvoyant. Il pressentait que sa nature profonde, son éducation, son appartenance à un milieu social qui n'était pas le milieu ouvrier nécessitait des conversions successives de sa part
Pourtant, le vrai combat de la vie d’Alfred Ancel réside dans la reconnaissance de la classe ouvrière et la lutte des classes. Ensuite engagé au Prado en 1925, « dans l’action plutôt que dans la louange », glisse l’un des prêtres de l’Institut, le futur évêque partage avant tout la condition des pauvres et des ouvriers. « C'était un homme intelligent et clairvoyant. Il pressentait que sa nature profonde, son éducation, son appartenance à un milieu social qui n’était pas le milieu ouvrier nécessitait des conversions successives de sa part », raconte Philippe Chatagnon, qui l’a bien connu. « Il avait l’âge de mon père », sourit-il.
À la fin de la guerre, le parcours atypique et l’engagement ecclésiastique des trois frères Ancel leur valent une invitation à Rome. Pour autant, avec son engagement auprès des plus pauvres, et à l'initiative des prêtres-ouvriers, Alfred Ancel dérange Rome qui interdit d’abord le mouvement. Interdiction qu’il arrive finalement à esquiver pour obtenir du préfet de la Doctrine de la Foi, l’autorisation d’effectuer un travail artisanal. « La classe ouvrière, c’était le fondement de son attitude pastorale », affirme Philippe Chatagnon. « C’était une règle de vie qui se donnait naturellement quand il rencontrait quelqu'un ».
Reconnu avec une force intellectuelle, professeur de philosophie, Alfred Ancel, théologien, a aussi œuvré pour le dialogue entre communiste et chrétien, très difficile à l’époque. Surnommé parfois l’évêque rouge, il a travaillé pour une prise de conscience à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. « Il a fallu comprendre finalement que l’Église était au cœur du monde, avec les Hommes. On dit de lui que c’était le premier évêque ouvrier. Lui disait qu’il était un évêque au milieu des ouvriers », se souvient Père Vincent Feroldi, du diocèse de Lyon.
Si malgré son milieu social d'origine, Alfred Ancel était très proche des ouvriers, il est aussi reconnu pour avoir énormément écrit tout au long de sa vie. « Il faudrait des années pour tout lire, tout trier », souffle l’un des témoins de sa vie. De sa thèse de doctorat en théologie défendu devant Pie XI pendant sa jeunesse, à ses sept ouvrages écrits de 1950 à 1982, en passant par ses nombreux manuscrits, les cartons d’archives situés à l’Institut du Prado sont une véritable mine d’or pour toute personne attirée par les études de théologie.
Alfred Ancel ? Un homme accessible qui inspirait de la confiance et du respect
Lors du Concile Vatican II, le Père Ancel, devenu évêque auxiliaire de Lyon en 1947, est très largement écouté. « C’était un homme accessible » qui « inspirait de la confiance et du respect », martèle Philippe Chatagnon. Pourquoi, malgré son importante, n’est-il donc jamais devenu évêque de premier rang ? Cette « relégation » en tant qu’évêque auxiliaire lui a permis de continuer à se consacrer à l’autre et à ses tâches de responsable du Prado. Encore une fois, l’action plutôt que la louange.
Pour rendre hommage à la vie de Mgr Ancel, et à l’occasion des 40 ans de sa mort, l’Institut du Prado et le diocèse de Lyon se sont réunis pour former ensemble « l’Année Ancel ». Objectif : rendre visible la vie de cet évêque auxiliaire inconnu du grand public. Au programme de l’année, des conférences, un colloque, des retraites, des temps spirituels et surtout une exposition.
Située dans la basilique Saint-bonaventure, l’exposition « Un évêque lyonnais dans son siècle » est composée de quatorze panneaux qui retracent la vie d’Alfred Ancel, de sa jeunesse en tant que volontaire engagé à quinze ans, jusqu’à sa mort. En plein cœur du second arrondissement de Lyon, l’exposition se veut ouverte à tous, « mais surtout aux Lyonnais ». Pour découvrir la vie un peu plus de la vie de ce discret Alfred Ancel décrit comme « très lyonnais », rendez-vous 7 place des Cordeliers, 69002 Lyon.
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