"Votre joie, personne ne vous l’enlèvera"
Méditation de l'évangile (Jn 16, 20-23a) par le père Bernard Devert
Chant final: "Jésus, ma joie" par la communauté de Taizé
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Amen, amen, je vous le dis :
vous allez pleurer et vous lamenter,
tandis que le monde se réjouira ;
vous serez dans la peine,
mais votre peine se changera en joie.
La femme qui enfante est dans la peine
parce que son heure est arrivée.
Mais, quand l’enfant est né,
elle ne se souvient plus de sa souffrance,
tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde.
Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine,
mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ;
et votre joie, personne ne vous l’enlèvera.
En ce jour-là, vous ne me poserez plus de questions. »
Source : AELF
Vous serez dans la peine, dit le Christ à ses disciples et à ceux qui veulent le suivre.
Une peine réelle, mais provisoire, d’où l’analogie avec une mère qui, après son accouchement, ne retient que la joie d’avoir donné la vie.
La vie est donnée, c’est-à-dire là où l’on se donne.
Je pense, ce matin, à cette religieuse Clarisse que j’ai eu le bonheur d’emmener à l’Abbaye de Belloc pour le Triduum Pascal. Elle savait qu’elle était à la porte du ciel. Ce ciel précisément, elle le portait en elle. Aussi, m’est-il agréable de vous partager l’hommage que je lui ai rendu.
Il émanait du visage de Marie une lumineuse bonté et une douceur qui n’avait rien de doucereux, tant elle était habitée par la conviction que l’Espérance qui la portait ne lui permettait en aucune façon de se résigner face à la misère.
Marie ne se contentait pas d’être indignée, elle agissait.
Comment, disait-elle, prier avec les psaumes qui hurlent de faire cesser la pauvreté et de faire place à ceux qui ne la trouvent pas. Aussi, en accord avec sa Communauté, elle ouvrit une partie du couvent à 9 familles en situation de grandes fragilités sociales.
Elle faisait sien ce mot de François Cheng, qui écrira bien plus tard, nécessaire est la clôture pour que le lieu devienne lien.
Ma Sœur, lui diront certains, la prière demande du calme pour trouver la paix intérieure ! Seulement, elle savait du plus profond d’elle-même que cette paix ne se trouve que dans un combat qui ne permet ni de se taire, ni d’attendre, alors que tant de frères et sœurs désespèrent de trouver un espace de vie, respectueux de ce qu’ils sont.
Dieu était pour Marie non pas une idée, une invention, mais une découverte l’appelant à accueillir l’inattendu, cet inouï qui a aussi pour nom, l’audace.
A Caluire, sur ce site résidentiel de Vassieux, les périphéries, si chères à notre Pape François, trouvèrent leur place dans l’esprit du Poverello François d’Assise et de Claire.
La lumière du visage de Marie n’était pas indifférente à son engagement discret, mais décisif afin que les oubliés de notre Société puissent envisager un ‘autrement’. Elle en fut un acteur, accompagnant Habitat et Humanisme, pas simplement parce qu’elle reçut l’association dans ses murs mais pour, ensemble, faire tomber ces murs de la misère, cet enfer qui brûle la solidarité.
La maison Sainte Claire, chemin de Bel-Air, est un des beaux fruits de sa détermination à faire naître plus de justice. Les nombreuses personnes, qui ont participé le 7 novembre à l’inauguration, gardent en mémoire sa magnifique allocution qui restera affichée dans le hall d’entrée de cette élégante résidence dont la source est le cœur.
Pour reprendre les mots de François Cheng, « oui, nécessaire clôture pour que lieu soit appel et l’instant répons sans fin ».
Une voix s’est éteinte, laissant une trace où la finitude se brise sur un infini qu’elle a su nous partager.
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