Les représentants de 170 pays étaient réunis à Busan, en Corée du Sud, pour essayer de réduire la pollution plastique. Pourtant après une semaine de négociations aucun accord n’a été trouvé et beaucoup qualifient déjà ce sommet mondial contre la pollution plastique comme un échec. En cause notamment, l’obstruction de certains États producteurs de plastique. Pour nous aider à mieux comprendre les attentes qui entouraient le sommet et les raisons de l’absence de signature d’un accord, Juliette Jannes, ingénieure en pétrochimie, est au micro de RCF Radio Notre-Dame.
Busan, ville balnéaire de Corée du Sud, a accueilli les représentants de 170 pays du globe pour essayer de trouver un accord pour réduire la pollution plastique. L’initiative de ces discussions a été saluée par les experts du climat et de la pollution, à un moment où un 7ème continent, un agrégat gigantesque de plastique, se forme dans l’océan Pacifique. Pour autant, aucun traité n’a pu être signé au cours du sommet mondial sur la pollution plastique.
Pour Juliette Jannes, ingénieure en pétrochimie, l’échec du sommet sur la pollution plastique n’a rien d’étonnant. "Les intérêts des uns et des autres ne sont pas forcément les mêmes. Entre des économies qui ont un grand profit de la production plastique, les pays consommateurs et les pays aussi qui subissent cette pollution plastique, difficile de trouver un accord”. En cause donc une demande de plastique très importante qui se fait au profit de certains consommateurs et producteurs, mais au détriment d'autres?
Les intérêts des uns et des autres ne sont pas forcément les mêmes. Entre des économies qui ont un grand profit de la production plastique, les pays consommateurs et les pays aussi qui subissent cette pollution plastique, difficile de trouver un accord.
Cette impossibilité à trouver un consensus a donc été encouragée par les pays producteurs de pétrole. La ministre de l’Énergie, Olga Givernet , qui était présente à Busan, a dénoncé une “obstruction continue”. Juliette Jannes pointe notamment du doigt les pays du Golfe, la Chine et les États-Unis. La question de la pollution plastique sera même peut-être un des sujets abordé par Emmanuel Macron, en visite en Arabie Saoudite où il s’entretiendra avec Mohammed Ben Salmane, du moins c'est ce qu'espère l'ingénieure en pétrochimie.
Pour autant la pollution plastique est un problème, et un problème de taille. Le chef de la délégation du Panama a estimé que “le plastique est une arme de destruction massive. Ici on ne négocie pas n'importe quel traité, mais le traité le plus important pour la survie de l'humanité depuis l'accord de Paris.” En effet, la pollution plastique est partout. On la retrouve dans les grands fleuves chinois qui charrient jusqu’à la mer les déchets. La pollution est aussi présente sous des formes plus microscopiques. L’eau en bouteille est par exemple contaminée par des microparticules plastiques.
Le plastique est une arme de destruction massive. Ici on ne négocie pas n'importe quel traité, mais le traité le plus important pour la survie de l'humanité depuis l'accord de Paris.
Face à ce fléau Juliette Jannes préconise plusieurs solutions. “Le fait de recycler, de mieux gérer ses déchets, ça ne suffira pas”. Pour parvenir à inverser la tendance à la croissance de la pollution plastique, l'ingénieure invite les pays à repenser en partie leur modèle économique. “Il faut absolument influencer les pays producteurs et trouver des alternatives aussi pour leur économie, bien que l’on puisse comprendre leur point de vue initial.”
Le fait de recycler, de mieux gérer ses déchets, ça ne suffira pas.
Récemment les conférences internationales pour l’environnement n'ont pas réussi à mettre d’accord les acteurs internationaux. La COP 16 sur la biodiversité à Cali avait été pour beaucoup un échec, et plus récemment la COP 29 sur le climat à Bakou s’était terminée en demi-teinte. Une tendance qui peut inquiéter si elle se confirme
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