Sur la fin de vie, Emmanuel Macron annonçait en avril un projet de loi "d'ici la fin de l'été". Depuis, des voix discordantes se font entendre jusque dans son propre gouvernement. Après le ministre de la santé François Braun, son collègue des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées exprime ses réserves quant à une légalisation de l'euthanasie en France.
Il avait longtemps attendu pour donner son point de vue. Le 22 juin, Jean-Christophe Combe manifestait, dans un entretien au Figaro, ses convictions intimes au sujet de la fin de vie. "Je porte la voix des personnes vulnérables, de ceux que je protège et accompagne dans mon engagement", commente aujourd'hui l'ancien directeur général de La Croix-Rouge, qui invite à "faire attention au message collectif qu'on envoie". "Légiférer sur la fin de vie serait répondre à une aspiration individuelle, mais on envoie derrière un message. Je ne voudrais pas qu'implicitement, les personnes vulnérables de notre pays, qui se sentent seules, qui sont fragiles, y voient une proposition de mettre un terme à leurs jours parce qu'elles seraient un poids pour la société ou pour leur famille", déclare-t-il.
Conformément aux préconisations de la convention citoyenne sur la fin de vie, le gouvernement envisage de développer concomitamment l'accès aux soins palliatifs et l'aide active à mourir, laquelle inclut l'euthanasie et le suicide assisté. "Les soins palliatifs et l'aide active à mourir sont deux choses complètement différentes. Les soins palliatifs relèvent du soin, l'aide active à mourir est un choix de société, soutient de son côté Jean-Christophe Combe. La question de l'accès aux soins palliatifs doit être un préalable avant d'envisager une évolution de la loi". Dans un rapport rendu mercredi 5 juillet à la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, la Cour de comptes souligne les défaillances françaises dans l'organisation des soins palliatifs.
Pilotées par la ministre chargée des professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, les concertations avec les soignants sont tendues et menacent de tourner au bras de fer. "Le ministre de la santé (François Braun) a rappelé, et je le soutiens, l'attention particulière qu'il faut porter aux soignants dans ce débat", appuie Jean-Christophe Combe.
Le ministre de la santé a rappelé, et je le soutiens, l'attention particulière qu'il faut porter aux soignants dans ce débat
Dans un entretien au Monde en date du 8 avril, François Braun livrait ses réticences sur cet épineux sujet, déclarant qu'un "texte de loi allant en ce sens changerait profondément notre société et notre rapport à la mort. Bien sûr que je ne peux pas accepter, en tant que ministre de la santé, que des Français doivent aller dans un autre pays pour mettre fin à leur vie. Mais l'euthanasie est une solution extrême à laquelle je dois encore prendre le temps de réfléchir". Affaire à suivre.
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