Le 9 mai 1950, la déclaration Schuman posait les jalons d'un partenariat organisé entre États du Vieux Continent. L'Union européenne continue, soixante-treize ans plus tard, de célébrer l'inspiration du père fondateur éponyme. François-Xavier Bellamy espère que cette Journée de l'Europe sera "l'occasion de mettre à plat les divergences de plus en plus fortes" entre la France et l'Allemagne.
"Il faut se parler franchement. C'est aussi cela, être amis", estime François-Xavier Bellamy à quelques heures du discours d'Olaf Scholz, attendu à Strasbourg ce mardi 9 mai, Journée de l'Europe. L'eurodéputé Les Républicains (LR) aura l'occasion d'exposer ses vues au chancelier allemand. "L'Allemagne est un pays ami auquel il faut que nous puissions dire les choses avec simplicité", insiste-t-il, inquiet de l'abandon définitif du nucléaire outre-Rhin mi-avril, lequel pourrait s'avérer lourd de conséquences. "Quand l'Allemagne décide de fermer de manière unilatérale ses trois dernières centrales nucléaires encore en activité, alors que nous traversons une crise énergétique majeure, ce pays fait monter les prix pour tous les pays européens", grince François-Xavier Bellamy. Quant à la France, le spectre des pénuries l'a contrainte, après bien des années d'errance, à se lancer dans la construction de six à quatorze nouveaux réacteurs. Symptomatique de ses tâtonnements en la matière, le président annonçait en 2018 la fermeture de 14 réacteurs nucléaires. En somme, la décision d'Olaf Scholz représente une aberration énergétique. Écologique, aussi. "En recourant de manière beaucoup plus massive qu'auparavant au charbon, il met en danger des vies non seulement sur son sol, mais aussi sur le nôtre", déplore le député européen.
Chaque année depuis 1985, les États membres célèbrent la déclaration Schuman du 9 mai 1950, considérée comme la première pierre de la construction européenne. La veille, le 8 mai, c'est la capitulation allemande et la fin de la seconde guerre mondiale que l'on commémore en France. Un anniversaire que Valéry Giscard d'Estaing, soucieux de préserver l'entente franco-allemande, avait préféré délaisser entre 1975 et 1980. "Opposer le 8 mai à la construction européenne était une forme de contresens, considère a posteriori François-Xavier Bellamy. Ceux qui sont morts pour que nous soyons libres aujourd'hui ont droit à notre reconnaissance". Surtout, rappelle le vice-président des Républicains, "l'Europe ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui, un continent démocratique où la liberté des citoyens doit rester le dernier mot, sans ceux qui ont lutté contre l'idéologie nazie, puis ceux qui ont combattu le totalitarisme soviétique".
Ceux qui sont morts pour que nous soyons libres aujourd'hui ont droit à notre reconnaissance
François Mitterrand a renoué avec la tradition et le défilé des Champs-Élysées s'est déroulé comme à l'accoutumée, ce lundi 8 mai. Sauf que, dans un contexte politique tendu, le public a cette fois été tenu loin des Champs-Élysées. Un moment "glaçant" selon François-Xavier Bellamy. "Le quartier avait semble-t-il été totalement bouclé pour éviter que le chef de l'État essuie le moindre sifflet", persifle l'opposant à la majorité présidentielle.
À bout de souffle dans les sondages, Emmanuel Macron compte sur les élections européennes de 2024 pour ranimer le clivage qu'il appelle de ses vœux, mondialisme d'un côté, nationalisme de l'autre. Un duel avec le RN que préparent déjà les deux camps, ainsi que la gauche et Les Républicains, que ce duel a privés d'espace depuis 2017. Alors que les noms des futures têtes de listes sont déjà débattus en coulisses, François-Xavier Bellamy rappelle les priorités à un an de l'échéance. "Ce qui compte dans cette élection européenne qui se dessine et sera décisive, ce n'est pas seulement la question de savoir qui va être candidat, mais celle de savoir quelle ligne nous défendrons, quel message nous aurons", martèle-t-il, lui qui en 2019 avait conduit la liste de son parti.
Ce qui compte dans cette élection européenne qui se dessine et sera décisive, ce n'est pas seulement la question de savoir qui va être candidat, mais celle de savoir quelle ligne nous défendrons, quel message nous aurons
La question de l'incarnation se posera en temps voulu. Pour l'heure, l'essentiel est de définir un projet clair. "Toutes les batailles que nous avons menées doivent être, je crois, le point de départ d'une projection vers une Europe qui retrouve son sens, juge l'agrégé de philosophie. Une Europe qui sorte de la naïveté sur le plan international, qui assume d'engager les bras de fer nécessaires pour retrouver la capacité de produire de dont elle a besoin." Ces derniers temps, l'épidémie et la guerre en Ukraine ont jeté une lumière crue sur la dépendance de l'Union européenne à la Chine et la Russie, notamment. Une Europe des nations, et non fédérale : le député évoque encore "des bras de fer pour faire en sorte que l'Europe cesse d'imposer des contraintes toujours plus complexes à ceux qui produisent sur notre continent, et qu'elle libère au contraire les énergies, qu'elle laisse la responsabilité aux États d'assumer leur mission". Un programme aux accents schumaniens.
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