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Au cimetière du Père-Lachaise, "il y a de la vie entre les tombes", raconte son conservateur Benoît Gallot

Un article rédigé par Clara Gabillet - RCF, le 1 novembre 2022 - Modifié le 2 novembre 2022
L'Invité de la MatinaleBenoît Gallot, conservateur du cimetière du Père Lachaise

C’est le cimetière le plus connu au monde. Le cimetière du Père-Lachaise abrite, en plein cœur de Paris, 70.000 sépultures dont celles de nombreuses célébrités : Jim Morrison, Frédéric Chopin, Edith Piaf, Alain Bashung... Un lieu unique que Benoît Gallot connaît sur le bout des doigts. Il est le conservateur de ce cimetière et publie "La vie secrète d’un cimetière" aux éditions des Arènes. 

Benoît Gallot, conservateur du cimetière du Père Lachaise à Paris © Clara Gabillet/RCFBenoît Gallot, conservateur du cimetière du Père Lachaise à Paris © Clara Gabillet/RCF

C’est un peu par hasard que Benoît Gallot est devenu conservateur du cimetière du Père-Lachaise à Paris, après des études de droit et après avoir travaillé dans le privé. Pourtant il connaissait bien l’univers du funéraire. Ses parents ayant été marbriers - "Il y avait des pierres tombales dans mon jardin" -, c’est aujourd’hui pour lui une passion. Depuis quatre ans, il dirige ce cimetière, son personnel, aiguille ceux qui le visitent tout en vivant dans son enceinte. Un travail loin d'être déprimant. "Ça me donne encore plus envie de vivre", insiste-t-il. 

 

"La Toussaint, c'est pour nous l'équivalent de Noël pour les marchands de jouets"

 

Le 1er novembre, jour de la Toussaint, Benoît Gallot reçoit de nombreux visiteurs, jusqu’à 25.000 contre 8000 en moyenne chaque jour. "C’est la plus grosse journée pour nous, l’équivalent de noël pour les marchands de jouets", s’amuse-t-il. Dans ce lieu hautement touristique, où sont enterrés de nombreuses célébrités, la Toussaint "est la seule journée où les familles sont plus nombreuses que les touristes".

 

Il faut donc les accompagner, répondre à leurs questions, les guider dans le cimetière. "On voit que, chaque année, la mort est très taboue et s’il y a un moment pour en parler c’est à la Toussaint, donc les familles viennent au bureau poser beaucoup de questions", raconte Benoît Gallot. "On ne peut pas être froid, poursuit-il. On ne peut pas non plus pleurer avec les familles. Il y a une bonne distance à avoir mais beaucoup d’écoute."

 

Un lieu unique en plein Paris

 

Ce qu'il constate, dans le malheur des familles, c'est qu'elles sont aussi heureuses d'avoir un emplacement dans ce cimetière très prisé où la place manque. "C’est un endroit qui apparaît inaccessible. Les personnes ont le sentiment d’avoir un peu de chance dans ce moment malheureux", affirme Benoît Gallot qui rappelle qu'il faut être domicilié à Paris au moment du décès pour pouvoir être enterré au Père-Lachaise. 

 

Ce cimetière et son travail, Benoît Gallot les raconte sur son compte Instagram "La vie au cimetière" qui rassemble plus de 50.000 abonnés. "Je voulais changer l’image qu’avaient les gens de la mort. Le but ce n’est pas de montrer que c’est glauque. Il y a un patrimoine exceptionnel, un côté musée à ciel ouvert qui est saisissant. Au Père-Lachaise, on peut écouter le silence en plein Paris !", se réjouit le conservateur. 

 

Il veut notamment montrer qu'il y a "de la vie entre les tombes", des animaux, des renards, des chats, qu'il photographie. Mais aussi des gens qui se rencontrent, qui créent un lien particulier. Il y a aussi "la petite histoire, des tombes très émouvantes, des épitaphes plus personnelles". "On peut se laisser gagner par une ambiance très poétique. Jim Morrison est le plus connu mais d’autres tombes interpellent", assure Benoît Gallot.

 

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