À quelques jours de la Toussaint, et à l’heure où les religions reculent et que l’athéisme est de plus en plus présent dans notre société sécuralisée, comment les non-croyants envisagent-ils la mort ? Et à quoi peuvent ressembler leurs funérailles ? Voici quelques éléments de réponse.
Bien que la plupart ne croient pas à la vie après la mort, certains athées attachent tout de même de l’importance aux funérailles. Car si c’est une façon de dire adieu aux défunts, c’est aussi une étape essentielle du deuil pour les proches, selon Damien Le Guay, philosophe et président du Comité national d'éthique du funéraire. "L’intérêt du rite funéraire, c’est à la fois de donner la paix dans ce tsunami intérieur qu’est le chagrin, et de permettre de passer à autre chose, sans abandonner ni oublier", explique-t-il.
Or, les rites funéraires se sont beaucoup construits autour des religions et aujourd’hui, "les gens ne savent plus quoi demander aux opérateurs funéraires", observe l’enseignant à l'Espace éthique de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP). Si certains athées continuent de se tourner vers l’Église, comme au diocèse de Gap et d’Embrun, où le père Joseph-Charles Mbogba constatait en 2016 que "la demande des funérailles religieuses pour les non-baptisés [était] de plus en plus croissante" ; la grande majorité des non-croyants préfèrent une cérémonie laïque. En effet, d’après la dernière étude réalisée en 2019 par le Credoc, le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie et par la Chambre syndicale nationale de l’art funéraire (Csnaf), ils sont 88% des athées interrogés à ne pas souhaiter une cérémonie religieuse pour eux-mêmes.
Face à ce changement d’habitudes et alors que le nombre d’athées augmentent (en 14 ans, ils sont deux fois plus dans l’étude menée par le Crédoc et la CSNAF), de nombreux funérariums et crématoriums proposent désormais des cérémonies laïques en leur sein. Inspirées par les cérémonies religieuses, elles permettent aux proches d’organiser les funérailles à l’image du défunt, via la lecture de textes, la diffusion de chansons ou la projection d’images et de films évoquant sa vie. La seule différence notable avec les rites religieux réside dans l’absence de textes et symboles sacrés.
Autant de gestes et d’attentions auxquelles les personnes athées restent sensibles. Toujours d’après cette étude de 2019, 33% des non-croyants veulent des fleurs pour leurs funérailles, 67% désirent qu’elles soient faites dans un lieu accueillant, et 31% désirent une plaque souvenir. Pour un athée sur deux, l’important est que tout cela soit le moins cher possible.
Une fois la cérémonie – d’une durée de 30 à 45 minutes – terminée, les services funéraires procèdent à l’inhumation ou à la crémation du défunt, selon ses vœux ou ceux exprimés par la famille. Et ce choix est également un marqueur parmi les non-croyants puisque la grande majorité d’entre eux optent pour la crémation (76% des plus de 40 ans et 56% chez ceux âgés de 18 à 39 ans). Un choix qu’ils expliquent en premier lieu, par le souhait de "ne pas embarrasser la famille".
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