Chez les catholiques, traditionnellement on organise une messe pour célébrer des funérailles, mais cela n'a pas été toujours ainsi. Aujourd'hui, devant le manque de prêtre, elles sont de plus en plus célébrées par un laïc. Qu'est-ce que cela change ? Quel est le moment le plus important lors des funérailles chrétiennes ? Entre gestes symboliques et rites, on fait le point à l'approche du Jour des morts.
"Depuis les années 1980, le nombre de funérailles présidées par des laïcs s’avère de plus en plus élevé", écrit Bernard Berthod dans son livre "Rites funéraires catholiques" (éd. Fage, 2019). "C’est vraiment typique à la France et à la Belgique", précise l’historien. La raison ? Le manque de prêtres. Mais "comme ce n’est pas un sacrement qui est exercé [lors des funérailles], mais un au revoir chrétien catholique, ça peut bien être dirigé par un laïc." Au fond, "cela ne change rien" quant à la validité du rituel. D’ailleurs "avant le concile de Trente c’était comme ça aussi !" Certes, parfois, "les gens ont l’impression qu'ils sont mal traités si ce n’est pas un ecclésiastique" qui célèbre les funérailles, mais "c’est redonner aussi aux laïcs et à la communauté une certaine place", estime l’historien.
"Même un baptisé qui n’a jamais mis les pieds à l’église de toute sa vie, dès lors qu’il est baptisé, il est catholique." On peut donc organiser pour lui des funérailles catholiques. Il en est de même pour un catéchumène, c’est-à-dire quelqu’un qui se préparait au baptême avant de mourir. "On le considère comme de la communauté, ce qui ne se faisait avant le concile [Vatican II]."
"La sépulture catholique est un ensemble de cérémonies qui se déroule en trois phases : la levée du corps et son transfert à l’église ; la célébration de l’office funèbre en présence du défunt et l’inhumation en un lieu sanctifié", écrit Bernard Berthod. Si aujourd’hui il est d’usage de célébrer une messe pour des funérailles, cela est assez récent. Avant le concile Vatican II, "on faisait une messe de funérailles pour une personnalité ou pour ceux qui y tenaient vraiment". Mais le plus souvent, on suivait "un rite funéraire particulier où on disait la parole de Dieu concernant l’au-delà".
Aujourd’hui lors des funérailles, le moment marquant est la vénération du corps : le cierge pascal est allumé – "le cierge pascal allumé c’est le Christ ressuscité", explique l’historien. Le célébrant encense le corps : "comme un embaumement, selon la vieille idée juive du corps que l’on considère comme sacré". Et les fidèles tracent un signe de croix au-dessus du cercueil avec de l’eau bénite. "Aujourd’hui on associe un peu l’assemblée ou la famille, les enfants et les petits-enfants, en les incitant à mettre un lumignon, ce qui n’est pas dans le rituel c’est plus un enrichissement du rite."
Aujourd’hui en France, les funérailles catholiques sont de plus en plus enrichies de gestes et de symboles, au détriment du rituel. "Sans rupture, les rites funèbres se sont structurés, enrichis et adaptés à chaque époque", décrit Bernard Berthod dans son livre. Ainsi, traditionnellement, on plaçait près du cercueil des couronnes de fleurs blanches – pour symboliser l’innocence - ou rouge - pour le sang du Christ. Mais les fleurs ont été tolérées très tardivement, au début du XXe siècle, pour des funérailles. Et aujourd’hui, on utilise pour les couronnes mortuaires des fleurs de différentes couleurs. Auparavant, "on ne mettait que des feuillages verts, ce qui se fait toujours en Italie". Des feuilles de laurier, qui, comme elles sont imputrescibles, symbolisent l’éternité, ou de chêne, signe de la force. "Malheureusement ça s’est un peu perdu..." déplore l'historien.
Il y a "une tolérance de l’Église en fonction de ce que ressent le prêtre ou l’organisateur de la cérémonie" pour se montrer "proche des familles". Ainsi, il n’est pas rare de voir les proches prononcer un discours d’hommage, il arrive que l’on diffuse un chant, même profane, que le défunt aimait bien… "On peut rencontrer un peu de tout", note Bernard Berthod. Mais il y a aussi une volonté de la part de certains "gens d’Église" de faire découvrir ou redécouvrir l’importance des rites, "dans une sorte de catéchèse", commente l’historien. Et cela est important selon Bernard Berthod, "dans la société d’aujourd’hui, car on tâche de plus en plus de nier la mort".
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