À travers des ateliers d'éducation aux médias dans des stages de travaux d'intérêt général (TIG), le journaliste indépendant Basile de Bure a rencontré des personnes condamnées pour des faits de petite délinquance. Dans son livre "Que le destin bascule" (éd. Flammarion), il s'emploie à leur "rendre leur individualité" et insiste sur la nécessité de renforcer les peines alternatives face à la prison qui renforce les risques de récidive.
"Pour beaucoup, la prison, la justice, c’est l’affaire des autres", écrit Basile de Bure dans "Que le destin bascule" (éd. Flammarion). Une affaire qui ne nous regarde pas, qui concerne en revanche ceux que l'on réduit au terme de voyous. Pourtant, comme l’écrivait le philosophe Michel Foucault : "Nul n’est sûr d’échapper à la prison". Le journaliste Basile de Bure a donc voulu comprendre, constater par lui-même ce que vivent des personnes condamnées à des faits de petite délinquance, rencontrées dans des ateliers d'éducation aux médias, qui étaient au programme de leurs travaux d'intérêt général (TIG).
Tout a commencé par sa volonté de comprendre comment on tombe dans la petite délinquance et comment on en sort. "L’idée c’était de rendre leur individualités à ces jeunes", explique-t-il au micro de la Matinale RCF. Sortir aussi de cette idée manichéenne d'une société faite des gentils et de méchants. Très vite, ses préjugés tombent : "Je me suis rendu compte à quel point ils étaient gentils, bienveillants et curieux. Cela m’a tellement surpris qu’il fallait que je le partage".
Les personnes dont ils racontent l'histoire font part de leur rapport à la police. "Certains ont été contrôlés pour la première fois à 10 ans. C’est quelque chose d’une violence sidérante. Cela crée, dès leur jeunesse, un rapport de violence et de confrontation à la police", détaille-t-il. Un terrain propice à de futures condamnations.
Basile de Bure explique aussi comment les peines de TIG, sans incarcération donc, et pour des condamnations de petite délinquance, sont efficaces et permettent d'éviter la récidive. "On s’intéresse à la personne et on propose un parcours d’insertion adapté", insiste-t-il.
Basile de Bure fait aussi le constat d'un système carcéral à bout de souffle. "On est dans une période où la prison s’impose comme la peine par défaut. On associe les peines alternatives à du laxisme alors qu’on sait qu’elles sont efficaces. On ne questionne jamais l’efficacité de la prison. Alors qu'on sait que c’est une catastrophe avec un terrible taux de surpopulation carcérale. C’est impossible de préparer la réinsertion de ces personnes dans ces conditions", alerte-t-il.
Il faut donc s'intéresser à cette partie de la population afin de changer de regard, selon le journaliste. "Il y a un problème de représentation dans les médias de ces jeunes. On n’en parle que de façon négative, après un fait divers. Il faut qu’on s’intéresse à eux, qu’on comprenne ce qu’on peut gagner en les connaissant mieux", affirme-t-il.
Pour Basile de Bure, "la justice est une machine à broyer, la prison est une horreur, un enfer". "Rien ne dit dans la loi que la prison doit être une souffrance", conclut-il.
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