Huit mois après la mort de sa reine vénérée, le Royaume-Uni s'apprête à célébrer le sacre de Charles III, le fils aîné. Successeur sur le tard, le nouveau monarque revendique une forme de modernité.
Place au couronnement. Proclamé roi le 10 septembre 2022 au lendemain du décès d'Elisabeth sa mère, Charles III sera sacré demain, samedi 6 mai, en l'abbaye de Westminster. Bien moins populaire que la reine dont il prend la suite, le monarque de 74 ans a tout de même peu à peu gagné les cœurs. "Il a longtemps eu la réputation d'être un électron libre avec des idées originales, un peu bizarres", confirme Vincent de Rivaz, ancien PDG d'EDF Energy, la filiale britannique d'EDF, et ami de celui qu'il décrit. L'ex-prince de Galles a pu être accusé, par le passé, de manquer à son devoir de réserve. "Petit à petit, les gens ont réalisé que l'électron libre était en fait non pas un dissident, mais un visionnaire, sur des sujets qu'aujourd'hui tout le monde reconnaît comme fondamentaux", estime Vincent de Rivaz.
L'écologie, notamment, est depuis longtemps un cheval de bataille du nouveau souverain. Un engagement qui remonte à un temps où la préservation du climat n'avait pas l'importance qu'on lui confère aujourd'hui. En 1970, déjà, il avait consacré à ce sujet un long discours.
Il a piloté un grand nombre de charities, dans un grand nombre de domaines, et avec un impact considérable
Mais ce n'est pas l'unique engagement pour lequel Charles III a pu se voir reprocher un manque de neutralité. "Il a piloté un grand nombre de charities (organismes caritatifs qui suppléent traditionnellement les failles du service public britannique, ndlr) dans un grand nombre de domaines, et avec un impact considérable, rappelle Vincent de Rivaz. En France, on attend beaucoup de l'Etat, en Grande-Bretagne, on attend beaucoup des initiatives privées, individuelles. Les charities s'inscrivent dans cette idée d'un relai du privé par rapport à ce que peut faire l'Etat", explique l'homme d'affaires
Chef de l'Eglise anglicane par la force de la royauté, Charles III attache à la religion une importance essentielle. "Il y aura un très beau symbole demain : le magnifique cadeau que le pape François a fait à Charles", se réjouit-il. Il s'agit de "deux reliques de la Sainte Croix", offertes courant avril, lesquelles "ont été insérés dans la croix du Pays de Galles qui sera en tête de la procession". Cher au nouveau monarque, le dialogue interreligieux sera en outre illustré par un ajout protocolaire. "Une vraie symbiose sera exprimée demain. L'ensemble des religions seront représentées, car le roi a le souci que celles-ci soient un facteur d'unité et non pas de division", affirme Vincent de Rivaz. Avec des représentants des confessions musulmane, juive, hindoue et sikhe, c'est la première fois que des cultes non chrétiens prendront part à un couronnement britannique.
L'ensemble des religions seront représentées, car le roi a le souci que celles-ci soient un facteur d'unité et non pas de division
Présidée par l'archevêque de Canterbury, la cérémonie débutera demain à midi (heure française) et doit durer deux heures. Le suzerain prêtera serment avant que les attributs royaux ne lui soient présentés. Il recevra ensuite le saint chrême puis, évidemment, la couronne portée avant lui par feu sa mère. Autre nouveauté, l'ensemble des sujets britanniques seront invités à prêter allégeance au nouveau roi. Cette annonce n'a pas fait l'unanimité, loin s'en faut, alors que la monarchie est de plus en plus contestée au sein même du royaume. Dans ce contexte, le coût des célébrations, que certains tabloïds estiment à plus de 200 millions de livres sterling - les montants officiels n'ont pas encore été révélés - suscite la colère d'une large part de la population. Buckingham Palace a pourtant manifesté son intention de limiter l'opulence royale, alors que le Royaume-Uni traverse une inflation historique.
Vincent de Rivaz, We need power, don't we ?, Editions Telemaque, 2023, 23 euros
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