La statistique est éloquente. 39% des 16-25 ans à travers le monde hésitent à avoir des enfants en raison du dérèglement climatique, selon une étude publiée dans The Lancet en 2021. Pourtant, il dépend de chacun de choisir son bonheur contre l'angoisse climatique, "l'écoptimisme" contre "l'éco-anxiété".
"J'arrivais à un niveau d'anxiété assez élevé", confie Dorothée Moisan, journaliste spécialisée dans les questions environnementales. À force de relayer de sombres nouvelles, elle a eu un puissant déclic il y a sept ans. "J'avais deux choix : soit je continuais comme ça, pose-t-elle, ou plus simplement, j'avais une thérapie. Ma thérapie, ça a été d'aller voir des gens qui eux avaient réussi à garder le sourire, à garder la pêche", dit-elle, une étincelle dans les yeux.
Que désigne l'éco-anxiété, ce mal qui touche Dorothée Moisan comme bien d'autres citoyens ? "C'est le fait de ressentir une détresse face à l'état du monde, au dérèglement climatique, mais pas que : on a aussi l'effondrement de la biodiversité, les pollutions…" énumère-t-elle. C'est "se sentir désemparé, impuissant par rapport à la situation actuelle, par rapport à ce qu'on a déjà perdu et par rapport au monde qui s'annonce", précise-t-elle.
La jeune génération n'est pas la seule à souffrir d'éco-anxiété. "Elle est chez les jeunes mais bien sûr qu'elle est chez la plupart des personnes qui ont des enfants, quand elles réalisent qu'elles n'ont pas agi assez, qu'elles ont contribué à noircir l'avenir de leurs enfants", observe-t-elle.
Plutôt que de subir ce blues, la journaliste indépendante est partie à la rencontre de personnes "conscientes de la crise écologique, mais qui sont parvenues à dépasser leur éco-anxiété, et à aller de l'avant tout en gardant le sourire face à un avenir incertain, on l'a compris, mais néanmoins lieu de tous les possibles", raconte-t-elle.
Ce sont des "écoptimistes", selon le néologisme qu'elle a conçu. Leur inquiétude est aussi leur moteur. "Mes écoptimistes à moi, en fait, ils sont éco-actifs. Ce n'était pas ce que j'allais chercher mais il se trouve que c'est ce que j'ai trouvé", sourit-elle. "Agir rend heureux", croit-elle, invitant à transcender sa peur du lendemain. "Ne rien faire, rester à déprimer dans son canapé va rendre anxieux."
Ne rien faire, déprimer dans son canapé va rendre anxieux
Dorothée Moisan ne dénigre pas les personnes frappées d'éco-anxiété. Bien au contraire. "Ce sont juste les personnes les plus saines et les plus équilibrées qui existent dans un monde qui ne l'est pas aujourd'hui", soutient-elle. "Elles ont cette chance d'avoir eu cette prise de conscience, et ça va être un tremplin vers l'action."
Chacun peut, à son échelle, contribuer à l'effort écologique. "Manger moins de viande, ça a un impact important", promet l'ancienne correspondante de l'AFP. La moindre habitude de la vie quotidienne peut faire l'objet d'une remise en cause. "Réfléchir un peu à sa mobilité avant de prendre sa voiture seul", préconise-t-elle par exemple.
"Une semaine sans toucher de plastique, c'est impossible", reconnaît-elle. "Mais en revanche, ne pas acheter de plastique pendant une semaine, c'est tout à fait possible, et ça va vous faire prendre conscience du plastique qui vous entoure et de comment essayer d'éviter cette consommation plastique." Une déclaration en forme de défi ?
Dorothée Moisan, Les Ecoptimistes, Seuil, 13,50 euros
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