Coupe du monde, le boycott impossible ?

Les appels au boycott sont parfois hypocrites. C'est du moins ce que pense Arnaud Bouthéon, spécialiste des liens entre sport, religion et politique. "C'est facile de se mettre dans une posture de de boycott quand on n’aime pas le le produit consommé", souligne-t-il. 

 

Le pape François appelle à la rencontre

 

Revenant sur la déclaration du souverain pontife aux spectateurs et aux organisateurs, Arnaud Bouthéon rappelle que François n’a étonnamment pas fait d’appel formel au boycott. Pour lui, la réflexion du pape est celle d’un homme qui s’interroge sur la place de l'hospitalité et de la fraternité. "Est-ce qu’un pontife doit recevoir les pires tyrans de la planète ? Est-ce qu'il faut rester immaculé, est-ce qu'il faut avoir de la poussière sur ses chaussures ?” s’interroge-t-il. Il rapporte cette histoire de Saint Jean Paul II qui, interrogé sur ses voyages dans des pays dirigé par des dictateurs, répondait “Je vais les rencontrer en frère”. 

 

Le foot, vecteur de confrontation culturelle

 

Pour Arnaud Bouthéon, il y a quelque chose d'intéressant lorsque “le supporterisme un peu débridé vient rencontrer une société plus obscurantiste ou verrouillée”. “Ce qui est sûr c'est qu'il y a des choses qui bougent” avec cette compétition au Qatar. "C'est aussi ce que veut à mon avis promouvoir le pape : dans la rencontre, chacun arrive avec une histoire, avec des convictions, avec des objectifs, avec une visée, et puis il y un moment où ça se frotte" témoigne-t-il, citant ce passage du livre des Proverbes : “Tout comme le fer aiguise le fer, l'homme s'aiguise au contact de son prochain.”

 

 

Tout comme le fer aiguise le fer, l'homme s'aiguise au contact de son prochain 

 

 

"Dans la rencontre, ce travail d'aiguisage peut se mettre en place" assure Arnaud Bouthéon. Le pape François a peut être en tête ce passage d'histoire, rapporté par Saint Bonaventure, lorsque Saint François d’Assise est allé rencontrer le Sultan de Babylone, Al Malik Al Kamil, pour venir lui demander d'arrêter la guerre en cours.