8 mois après l'attaque terroriste du 7 octobre du Hamas contre Israël. Comment a évolué le conflit ? Pas un jour ne passe sans un nouvel événement dans la bande de Gaza et sans que le monde s'en émeuve. Jean-Paul Chagnollaud, politologue et directeur de l'IREMMO, l'Institut de recherches et d'études Méditerranée Moyen-Orient, était l'invité de la matinale RCF, au lendemain d'un bombardement de l'armée israélienne sur une école de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens.
7 Juin 2024, 8 mois après la terrible attaque terroriste du Hamas sur Israël, le conflit continue. La société israélienne reste tétanisée par le 7 octobre. Jeudi 6 juin, l’armée israélienne a annoncé avoir pris pour cible une école de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens qui servait selon elle de "base" au mouvement islamiste. Il y aurait une trentaine de morts. La semaine dernière, il y a eu 45 morts après le bombardement d'un camp de réfugiés. Face à ces images d'horreurs, le monde s'émeut, mais est-ce que la communauté internationale finit-elle par s'habituer ?
Selon Jean-Paul Chagnollaud, directeur de l'IREMMO, l'Institut de recherches et d'études Méditerranée Moyen-Orient, "Il y a eu beaucoup d'événements de ce genre, on en est à plus de 36 000 morts palestiniens." Les bombardements continuent et témoignent plutôt d'une phase d'escalade à l'inverse du cessez-le-feu réclamé par de nombreux chefs-d'états occidentaux. "Dans cette bande de Gaza, la réalité c'est qu'il n'y a plus aucun refuge et chacun le sait" ajoute le politologue.
17 chefs d'État exhortent le Hamas à accepter l'accord de cessez-le-feu à Gaza, notamment le président américain Joe Biden. Mais pour le moment les positions de l'organisation islamiste et du gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou sont opposés selon Jean-Paul Chagnollaud, et cela empêche les compromis : "Il y a des arrières pensées des uns et des autres." Le Hamas veut un cessez-le-feu permanent et le retrait des troupes israéliennes alors que le premier ministre israélien est déterminé à exterminer l'organisation islamiste à Gaza, afin de libérer les otages.
La libération des otages n'est pourtant pas l'unique but de guerre affiché pour l'armée israélienne : "Si ça l'était, il aurait fallu faire une trêve, ce que réclame les familles des otages" observe le directeur de l'IREMMO. "Je pense que Benjamin Netanyahou veut établir un rapport de force définitif contre les Palestiniens, ce qui est une illusion absolue ! Il s'agit d'un peuple qui a envie d'avoir un État." Le premier ministre israélien redoute les comptes qu'il pourrait avoir à rendre envers son peuple en cas de fin des hostilités "sa carrière pourrait s'arrêter le jour où la guerre s'arrête" confie Jean-Paul Chagnollaud.
Depuis quelques semaines, plusieurs pays européens comme l'Espagne ou l'Irlande ont annoncé leur décision de reconnaître un État palestinien. En France, invité jeudi 6 juin des JT de TF1 et France 2, Emmanuel Macron dit avoir toujours défendu la solution à deux États mais ne souhaite reconnaitre l'État palestinien que "quand cela sera l'élément qui permettra la paix et la sécurité de tous dans la région."
"Je crois que la solution à deux États est la seule possible" constate Jean-Paul Chagnollaud. Cependant, "il y a aucune chance que cette solution soit mise en œuvre si on laisse Israël et la Palestine en face à face." Le politologue défend la nécessité d'une intermédiation multinationale avec l'aide des américains, car d'après lui, l'Europe n'a pas assez d'influence : "les européens sont hors-jeu."
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