"Invincible été", de la réalisatrice Stéphanie Pillonca, est un film solaire comme je les aime. Ce n’est pas une histoire, mais des images bien réelles de la vie d’Olivier Goy. C’est beau, tout est beau. Ce n’est pas joué, c’est vécu, vraiment, douloureusement, magistralement. J’ai pleuré la moitié du temps.
Pourquoi est-ce est-ce un film important ? Olivier Goy est entrepreneur, mari, papa. Tout roule. Mais voilà, à 40 ans seulement, en 2020, la maladie de Charcot fait effraction. Lui, sa femme, ses enfants racontent le choc. Et on les suit, dans sa vie d’aujourd’hui, déjà marquée par les symptômes. Il a du mal à marcher, à bouger, et le plus dur pour lui c’est sa parole, qui, petit à petit, s’enfuit.
L’héritage qu’il offre - à ceux qu’il aime bien sûr, mais plus largement, je pense, au monde, à ceux qui n’arrivent pas à faire face comme à ceux qui ronronnent dans le brouillard du tout-va-bien - c’est que "du cinéma au cimetière, il n’y a qu’un pas, mais je n’ai pas peur. Le chemin parcouru a révélé à mes proches que la vie est belle, vraiment belle. C’est ce message qui les fera grandir avec la sérénité de ceux qui savent. Pour apprendre à vivre, il faut apprendre à mourir."
Olivier Goy a une telle liberté intérieure qu’il garde le désir de choisir la manière dont il veut essayer de vivre cette ultime période aux jours comptés. C'est une forme de philosophie de vie qu’il a envie de transmettre, d’amour de la vie, par ses yeux, par ceux de la réalisatrice. Mais je ne crois pas que ce soit la maladie qui lui fasse aimer la vie. Cet amour était déjà bien là, en lui, la maladie ne fait que le révéler et l’augmenter à l’infini. Cet amour de la vie est une force qu’on laisse souvent s’assoupir. Il nous laisse avec ça : la maladie et même la mort qu’il regarde en face, ne suffisent pas à lui voler le sens de sa vie. Le sens de la vie.
C'est un témoignage qui détonne actuellement. Je pense aux débats sur la fin de vie. Et ça fait du bien. Ça redonne confiance en l’humain et en l’amour familial. Avec eux, on perçoit ce que "courage" ou "force dans la faiblesse" veut dire. Sans angélisme. Sans naïveté.
Ce n’est pas un héros. C’est mieux que ça. C’est un homme. De ceux qui savent que la sagesse nous fait intégrer la mort dans la vie pour ne pas que la mort désintègre la vie.
"Invincible été", le titre du film, est une phrase d’Albert Camus, extraite de ce poème :
"Au milieu de la haine, j'ai trouvé qu’il y avait en moi un amour invincible.
Au milieu des larmes, j'ai trouvé qu’il y avait en moi un sourire invincible.
Au milieu du chaos, j'ai trouvé qu’il y avait en moi un calme invincible.
J’ai réalisé à travers tout cela que, au milieu de l’hiver, il y avait en moi un été invincible, et cela me rend heureux..."
Merci Olivier. Votre invincible sourire donne envie de vivre.
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