Ce matin je voulais revenir sur un appel lancé cette semaine dans la presse, dans Ouest-France, par Philippe Pozzo di Borgo. Nous le connaissons tous, je pense. Son histoire a inspiré le film "Intouchables". Son appel est lancé aux côtés du collectif "Soulager mais pas tuer", dont il est le parrain depuis sa création, en 2014. Cet appel s’intitule "Ensemble pour les plus fragiles".
Alors que s’engage le débat sur la fin de vie, il a pris sa plume pour s’exprimer au nom "des incontinents, des souffrants, des paralysés ou désorientés, des porteurs de handicap ou de maladies invalidantes, des victimes des séquelles d’accidents, traumatisés crâniens ou encore des malades psychiques". L’auteur du "Promeneur immobile" (éd. Albin Michel) vit ce qu’il dit : il est lui-même, depuis 30 ans, tétraplégique.
Il parle aussi au nom de tous ceux qui entourent et soutiennent les personnes fragilisées par une épreuve de santé. Car "tous, écrit-il avec force, nous nous sentons encore plus fragilisés par ce débat". Il en appelle à la sagesse de nos concitoyens chargés de réfléchir au sujet de la fin de vie. Cet appel, tout le monde peut le signer en ligne sur le site Soulager mais pas tuer.
Je vous en partage quelques morceaux choisis :
"En tant qu’êtres humains, nous avons tous besoin d’un regard qui nous considère, nous fait vivre et nous invite à prendre notre place dans la société."
"Nous avons besoin de solidarité. Mais soyons lucides : les « valides » aussi ! Dans un monde où nous devons compter les uns sur les autres pour nous nourrir, nous vêtir, nous chauffer, nous soigner, vivre en sécurité, qui peut s’affirmer totalement « autonome » ? Nous avons tous besoin des autres pour vivre : notre présence à nous, les plus fragiles, vient le rappeler à tous. Notre présence peut aussi aider le moment venu ceux qui quitteront le monde des « bien portants » à conserver le goût de vivre jusqu’au bout."
“Regardons les choses en face : beaucoup de « bien portants » nous décrètent malheureux sans même nous connaître. Ils préféreraient ne plus vivre que de vivre avec nos incapacités. Mais qu’en savent-ils ?”
“Certains de nos concitoyens jugent nos vies inutiles et coûteuses. On applaudit ceux qui vont se suicider à l’étranger en désespoir de cause, comme si nous devions faire de même. C’est ce qui nous fait le plus mal. Ont-ils conscience du message d’exclusion qu’ils nous envoient ? Alors que nous nous battons au quotidien, faudrait-il renoncer au courage de vivre ?”
“Ne poussez pas les plus fragiles et ceux qui les entourent, à la désespérance, à l’auto-exclusion, au suicide ou à l’euthanasie. Protégez-les d’une prétendue « liberté de mourir » qui les presserait de quitter notre société. Réaffirmez le droit de chacun d’être aidé à vivre, et jamais à mourir. Alors, la société que nous construisons ensemble sera plus humaine.”
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