La COP27 est la grande sœur climat, alors que la COP15 à Montréal est sur la biodiversité. Cette année, elle est présidée par… la Chine. Avec le retour du Brésil dans les négociations sur les sujets écolos et l’Union européenne qui souhaite interdire l’importation de produits issus de la déforestation, il y a des bonnes nouvelles récemment.
Cette COP a pour vocation de suppléer aux objectifs d’Aichi (au Japon) de 2010 qui avaient cours jusqu'à 2020, cette COP doit fixer des objectifs jusqu'à 2030. Pertinents, ceux d’Aichi concernaient bien des sujets différents autour de la conservation des espaces, du partage juste et équitable des ressources, de leur usage. Mais ils pouvaient manquer d’un cadre responsable et contraignant. Ici aussi ce sont les pays du Sud qui sont les plus ambitieux et qui souhaitent notamment que 30% des espaces terrestres et marins soient protégés d'ici 2030, en restaurant des aires équivalentes à la surface totale de la Chine. D’autres questions sont posées comme celle d’un fonds mondial sur la biodiversité, la place des pesticides, celles autour des semences, de la génétique, du pillage des sols…
Oui, car comme le dit le pape François dans "Querida Amazonia" : "Libérer les autres de leurs servitudes implique certainement de prendre soin de leur environnement et de le défendre... percevoir l’environnement comme “ressource” met en danger l’environnement comme “maison”." (QA §41 et §60). Le pape François a une vision aussi claire que pertinente : Il s’agit de se placer dans une réflexion économique et politique du “commun” en lieu et place de celle du “profit”.
Pour être concret, l’eau n’est à mon sens, et ne sera jamais, un bien privatisable comme peut le penser le PDG de Nestlé, par exemple. Non, c’est un commun, qui appartient à tous parce qu’elle n’appartient en propre à personne : il s’agit de reprendre du commun sur le privé, si je puis dire. De même, une forêt n’est pas d’abord un puits de ressources, c’est un espace de vie pour la nature, donc aussi pour nous, c’est un espace de rêveries, de créativité… Pas un espace de profit ! Il y a donc derrière tout cela, une vraie bataille culturelle à mener pour le bien commun contre les intérêts privés.
Rappelons que le "bien commun" est un des piliers fondamentaux de la pensée sociale de l’Église. En France, ce sont des milliers d’espèces qui sont menacées, du lynx au potamochère en passant par le chardonneret. Rappelons enfin, si vous êtes moins rêveur que moi et plus financier, que la Nature nous rend d’incalculables services comme la pollinisation, sans ça nous n’aurions pas de fruits, dont la monétisation en valeur serait absurde tellement, ce serait gigantesque. C’est malheureusement dans le sens inverse que l’on va où le privé prend sur le commun.
Je voudrais terminer par d’autres paroles du pape dans "Laudato Si" ici (§33 et §84) :
Chaque année, disparaissent des milliers d’espèces végétales et animales que nous ne pourrons plus connaître, que nos enfants ne pourront pas voir, perdues pour toujours. L’immense majorité disparaît pour des raisons qui tiennent à une action humaine. À cause de nous, des milliers d’espèces ne rendront plus gloire à Dieu par leur existence et ne pourront plus nous communiquer leur propre message. Nous n’en avons pas le droit... Le sol, l'eau, les montagnes : tout est, pour ainsi dire, une caresse de "Dieu".
En espérant donc que cette COP15 saura participer activement à passer du “privé” au “commun”.
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