À partir d’aujourd’hui et pendant un mois, il est interdit aux navires de pêche de plus de huit mètres et équipés de certains filets, de naviguer dans le golfe de Gascogne. Une décision de la Commission européenne déjà appliquée en 2024 afin de protéger les populations de cétacés dans cette zone. La France étudie des pistes pour éviter les captures accidentelles de dauphins. Depuis une dizaine d'années, le nombre de prises accidentelles de dauphins atteignait le seuil critique de près de 5000 décès. Une décision qui accroît la tension entre défenseurs de l’environnement et professionnels de la pêche. Alors pour bien comprendre quels sont les objectifs et les conséquences de cette interdiction de pêcher, Romain Ecorchard, juriste pour France Nature Environnement est au micro de RCF et Radio Notre-Dame.
La Commission européenne a pris la décision ce mercredi 22 janvier d’interdire la pêche dans le golfe de Gascogne pendant un mois afin de protéger les dauphins, victimes de captures accidentelles par les filets des pêcheurs. RCF et Radio Notre-Dame reçoivent aujourd’hui Romain Ecorchard, juriste pour FNE (France Nature Environnement), organisation fédérative de protection de l'environnement.
A partir de ce mercredi 22 janvier et pendant un mois, il sera interdit aux navires de pêche de plus de 8 mètres et équipés de filets de naviguer dans le golfe de Gascogne. Cette mesure touche environ 300 bateaux de pêche et fait suite à un jugement du Conseil d'État français, qui a enjoint l'exécutif à prendre des mesures pour renforcer la protection les dauphins.
Ça devenait indispensable de trouver une solution pour les dauphins, il y avait des mortalités beaucoup trop élevées pour la protection des espèces.
On estime en effet que plusieurs milliers de dauphins trouvent la mort chaque année dans des captures accidentelles. En cause l'utilisation de filets très efficaces pour la pêche au merlu, au bar et au cabillaud. Des pièges tout aussi redoutables pour les plus gros mammifères et notamment les dauphins.
Une mesure similaire avait été prise l'année dernière. Elle concernait l'arrêt temporaire de la pêche et a permis une diminution de la mortalité des cétacés par 4. La mesure avait été adoptée dans le cadre de la réglementation européenne, après des pressions fortes de France Nature Environnement. "On avait besoin de mettre en place des mesures d'urgence pour sauvegarder l'espèce."
Un recours de l'association a fait évoluer le statut de la loi. En hiver 2024, la dernière loi avait été validée par la Commission européenne à la demande de la France. Cette validation a été nécessaire pour faire respecter la loi aux navires espagnols, sur lesquels la France n’exerce légalement aucun pouvoir.
Le comité national des pêches dénonce quant à lui un “immense gâchis qui met en danger la filière pêche française.” La vente, la distribution et même la transformation des produits de la mer sont touchées, potentiellement à long terme. Les pêcheurs seront dédommagés, mais d'aucuns craignent que l’interdiction ne poussent les consommateurs vers un autre secteur d'achat, ou vers les marchés de poissons provenant d'autres régions. Les pêcheurs pointent aussi du doigt le rôle des navires de commerce dans la disparition des dauphins, auxquels la réglementation ne s'applique pas.
Après plusieurs courriers restés infructueux auprès des ministères de la Mer, on a déposé une plainte en 2019. On a dû attendre 2023 pour avoir une décision de justice.
La mesure vise à concilier protection des dauphins et préservation de la pêche. De nouvelles solutions sont en parallèle proposées pour réduire les captures accidentelles, sous la forme de technologies utilisant des répulsifs aux ultrasons, auxquels les dauphins sont sensibles.
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