C’est aujourd’hui le lancement officiel de l’Année internationale de la préservation des glaciers. Cette initiative des Nations unies a pour objectif d’alerter sur l’état critique des glaces présentes sur Terre : banquise, glaciers, icebergs ou encore pergélisol. Menacés par le changement climatique, les glaciers jouent un rôle crucial dans la régulation du climat mondial et fournissent de l’eau douce à des millions de personnes à travers le globe. Leur disparition s’accélère, en grande partie à cause des émissions de CO2 liées aux activités humaines. Pour bien comprendre les enjeux de la fonte des glaciers, Jean-Baptiste Bosson, glaciologue et géomorphologue, directeur de l’association Marge Sauvage, coordinateur du projet Ice&Life et du festival Agir pour les glaciers, nous éclaire sur ce phénomène alarmant.
Le taux de fonte des glaces a augmenté de 65 % au cours des 30 dernières années, atteignant 1 300 milliards de tonnes en 2017.
Les humains sont sur Terre depuis 300 000 ans, et il y a toujours eu de grands glaciers, notamment aux pôles, au Groenland et en Antarctique, explique Jean-Baptiste Bosson. Le glaciologue souligne que les glaciers jouent un rôle clé dans le climat, le fonctionnement des océans et le cycle de l'eau. "La Terre a déjà été sans glaciers, la biodiversité a déjà survécu sans glaciers à plusieurs périodes, mais nous, en revanche, nous n'avons jamais connu cela.” La vie quotidienne de chaque être humain, partout sur Terre, dépend des glaciers, tant leur rôle est fondamental pour le climat global, les océans, le niveau des mers et l’accès à l’eau, conclut le coordinateur du projet Ice&Life.
Les glaciers sur Terre, ils stockent l'équivalent de 66 mètres marins. Si tout fond, c'est le niveau marin global qui augmente de 66 mètres. Ça veut dire que les traits de côtes changent partout sur Terre.
Les glaciers sont notre source principale d'eau douce, ils stockent 70 % de nos réserves en eau douce. Leur fonte produit un paradoxe dans les territoires qui vivent une période d’abondance. "Le problème, c'est qu'après, il n'y a plus grand-chose ou il y a beaucoup moins. Quand les glaciers disparaissent, on doit faire face à ce manque qu'on n'a pas su anticiper." L’eau des glaciers rejoint les océans, devient de l’eau salée qui ne peut être consommée et participe à l'élévation du niveau de la mer. "Les glaciers sur Terre, ils stockent l'équivalent de 66 mètres marins. Si tout fond, c'est le niveau marin global qui augmente de 66 mètres. Ça veut dire que les traits de côtes changent partout sur Terre." Selon le glaciologue, les conséquences seront colossales dans le monde capitaliste et mondialisé de nos sociétés actuelles qui reposent essentiellement sur les échanges commerciaux dans les ports.
Le monde scientifique alerte depuis la fin du 20ᵉ siècle sur les risques d’un dépassement de ce qu’on appelle des seuils irréversibles ou des points de bascule. "Chaque dixième de degré compte aujourd'hui dans l'urgence qu'on a à préserver le climat et les glaciers. Ça se joue à chaque action, partout, et on peut ne pas dépasser des points de bascule." Selon Jean-Baptiste Bosson, le seuil de l’accord de Paris a été défini à 1,5 degré selon la modélisation de travaux scientifiques qui montrent qu’au-dessus de 2 degrés de réchauffement l’ensemble du Groenland n’est plus alimenté en nouvelle neige. "Si le Groenland fond de manière irréversible, c'est 7 mètres d'eau en plus sur tous les océans du monde. C'est-à-dire que toutes les villes portuaires sont impactées."
On continue à vivre comme si les alertes scientifiques et les données, la réalité, les faits indiscutables continuaient d'être discutés et les gens continuaient à ne pas y croire.
Donald Trump s’est désengagé de l’accord de Paris dès son investiture le lundi 20 janvier. "On continue à vivre comme si les alertes scientifiques et les données, la réalité, les faits indiscutables continuaient d'être discutés et les gens continuaient à ne pas y croire", déplore le glaciologue.
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