Haïm Korsia, était l'invité de la matinale RCF ce jeudi 23 mai. Il publie "Comme l'espérance est violente”, aux éditions Flammarion. Le Grand-Rabbin de France réagit au projet de loi sur la fin de vie, alors que le débat dans l'hémicycle débute lundi 27 mai.
Depuis le début de son examen en commission spéciale, des changements ont été faits dans le projet de loi sur la fin de vie, comme la suppression du critère sur le pronostic vital engagé à court ou moyen terme. Pour Haïm Korsia, “si on voit les choses froidement, il n’y a aucun intérêt à faire une loi, car la loi Claeys-Léonetti suffit”. Il dénonce un projet poussé à bout, au détriment des plus pauvres et en contradiction avec la nature humaine.
“Quand vous faites tomber les barrières, il n’y a plus de limites”. Pour Haïm Korsia, des motivations se cachent derrière les projets sur la fin de vie : “Ce que beaucoup veulent, c’est l’euthanasie pour les pauvres et pas pour eux”. Il estime que dans les pays ayants légalisé l’euthanasie, “on suggère plus ou moins aux pauvres l’option euthanasie, qui évite le besoin de soins et de présences humaines”. Selon lui, cela permet de faire de la place dans les hôpitaux, bien que “cela ne soit jamais dit explicitement”.
“On veut sans vouloir” estime le Grand-Rabbin. Pour lui, personne ne tolère de laisser souffrir, mais la loi Clayes- Leonetti est une réponse suffisante à cette situation : “Elle autorise la sédation profonde irréversible. On traite la douleur et en même temps, on fait baisser les signes vitaux pour éteindre sans souffrance”.
En plus d’un problème d’intention, Haïm Korsia blâme un mauvais emploi des mots : “De mon point de vue, il faudrait changer ce terme très dangereux d’aide à mourir. On n'aide pas les gens à mourir, on les aide à vivre. C'est une négation de la fraternité”. Il estime que l’intention première ne doit pas être de tuer, et pointe la nécessité de “changer cette expression horrible pour arriver à aider à vivre chaque instant sereinement”.
Haïm Korsia s'indigne que certains soignants exécutent “des crimes par compassion”. Il est persuadé qu’à “éliminer le problème, on ne traite pas la question de la souffrance”.
Pour le grand Rabbin de France, la situation est sans issue : “Je comprends qu’il y ait un projet de loi mais on voit bien dans les débats que personne ne sera heureux. Ceux qui ne veulent pas de loi ne seront pas heureux, et on n'ira jamais assez loin pour ceux qui pensent qu’il faut arriver à l’euthanasie organisée”.
L'espérance est violente, car il faut être capable de se lever du petit train-train de la vie qu’on organise et qui nous sédate en permanence dans la société. Il faut être capable de faire le choix de s’orienter vers un chemin compliqué.
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