Le projet de loi sur la fin de vie est présenté ce mercredi en Conseil des ministres. Il doit renforcer les soins palliatifs et ouvrir aussi la possibilité d’une "aide à mourir" pour des malades majeurs sous conditions, mais certaines modalités prévues par le texte inquiète une partie des soignants.
Le corps médical, ne cache pas ses inquiétudes sur la mise en œuvre de "l’aide à mourir". Le projet de loi présenté mercredi en Conseil des ministres définit des conditions strictement encadrées dont Emmanuel Macron avait dévoilé les grandes lignes le 11 mars 2024. Le mot "suicide assisté" n’est pas utilisé, mais c’est bien le patient lui-même qui s’administrera le produit létal. S’il en est incapable, une autre personne désignée par le malade pourra le faire : un proche, un médecin ou un infirmier.
Cette "aide à mourir" ne pourra être accessible qu’aux patients majeurs, "capables d’un discernement plein et entier", atteints d’une "maladie incurable", subissant "des souffrances ne pouvant être soulagées", avec "pronostic vital engagé à court ou moyen terme". "Je ne vois pas comment on va évaluer le pronostic à moyen terme. Il n’y a pas de définition, on s’est tous planté, un jour ou l’autre, sur l’espérance de vie donnée à un patient." explique le Dr Pascal Mayvaert, président du syndicat des médecins coordinateurs en Epahd.
Une autre préoccupation concerne la procédure pour d’accorder ou non une "aide à mourir" à un malade. Une fois qu'un patient en fera la demande, un médecin devra se prononcer sous 15 jours. Il le fera seul, mais en ayant forcément consulté d'autres soignants (au moins deux médecins, "et éventuellement des professionnels qui ont l’habitude d’accompagner la personne"). Pour certains soignants, c’est un recul par rapport à la procédure collégiale mise en place pour la sédation profonde dans le cadre de loi Clays-Leonetti de 2016. "C’est inenvisageable qu’un médecin prenne seul une décision aussi lourde. Il est impératif d’avoir une procédure collégiale" souligne le Dr Pascal Mayvaert.
L’aide à mourir pourra être pratiquée au domicile, à l’hôpital ou en Ehpad. Mais qui administrera le produit létal si le patient n’en est plus capable lui-même ? La question est sensible. Le projet de loi prévoit un proche ou un soignant. Les professionnels de santé pourront faire jouer une clause de conscience. Ils devront alors rediriger le malade vers d’autres praticiens.
Les médecins ou infirmiers volontaires ne seront pas obligés d’être présents dans la pièce, mais ils devront se trouver à proximité en cas de problème durant l’agonie. Le terme de "secourisme inversé" avait été utilisé en décembre 2023 par le gouvernement. "Imaginez que le soignant soit là pour vous achever, un commando de la mort pour finir le travail. Un permis de tuer ce n’est pas du tout ça notre conception des soins" s’indigne Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat nationale des infirmiers
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