La semaine du Forum économique mondial touche à sa fin. À Davos, en Suisse, les décideurs politiques et économiques étaient réunis pour penser le monde de demain. Les crises successives inquiètent les ténors et économistes qui observent l’aube d’un repli économique continental. La mondialisation est mise à rude épreuve et les entreprises débutent la mutation de leurs lignes de production.
"Coopérer dans un monde fragmenté". Le thématique 2022 du 53e Forum économique de Davos, de retour après deux ans d’absence due à la crise sanitaire, a de quoi inquiéter. La rencontre internationale, symbole de l’hyper mondialisation des années 80 puis 2000, joue désormais les pompiers de service. Les crises successives fragilisent un ordre économique mondial tout de même résilient.
Si la fin de la mondialisation est dans toutes les têtes à Davos en Suisse, l’urgence de voir une profonde mutation du modèle économique tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est pas encore en vigueur. ‘’On observe une résilience du système avec un commerce international qui n’a pas baissé par rapport à la période pré-Covid’’, analyse Vincent Vicard. Il n’empêche que l’enchaînement des crises internationales – covid-19, environnemental, Ukraine, inflation – fragilise un modèle économique en pleine mutation.
Le libre-échange international connu aujourd’hui entre ainsi dans une nouvelle ère de la mondialisation. Au programme : moins de flux entre les continents, moins d’interdépendance entre les pays et recentralisation des industries à l’échelle continentale voire nationale. Cette relocalisation a pour objectif de raccourcir les chaînes de production. ‘’Vous êtes plus acclimatés avec quelqu’un qui est plus proche de vous dans la mesure où les contacts sont plus faciles, la culture est plus en général plus proche. Tout cela diminue le coût de la transaction avec le fournisseur’’, estime Sarah Guillou, économiste à l’OFCE.
Derrière des stratégies commerciales menées par les entreprises, les firmes multinationales exploitent des politiques publiques menées par les États. Si la guerre commerciale entre la Chine et les Etats Unis, la course aux subventions pour rapatrier et maintenir les usines sur un territoire est bien lancée. En outre-Atlantique, Joe Biden a dévoilé un plan de près de 400 milliards de dollars de subventions. L’objectif : combiner l’investissement dans les énergies vertes – devenues chères aux entreprises – et la relocalisation industrielle.
L’Union européenne a également pris le pas de cette recentralisation des industries annoncées. En février 2022, l’Europe lance le Chips Act, un plan pour redevenir leader mondial des semi-conducteurs, produits en pénurie post-crise sanitaire et hautement stratégique dans la course technologique. ‘’Dans ces secteurs, il y a des incitations fortes mises en place par les Etats. On peut donc s’attendre à une régionalisation ou une relocalisation sur le territoire national de ces activités’’, affirme l’économiste Vincent Vicard du CEPII.
Le début d’une nouvelle ère pour la mondialisation qui apporte – il faut le dire – beaucoup plus que de simples enjeux financiers pour les grands groupes. Comme le précise l’économiste Sarah Guillou, ‘’derrière l’échange économique se joue aussi l’échange de cultures, l’ouverture à l’étranger et la communication des idées’’.
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