Ukraine, un an de guerre
En partenariat avec LE SECOURS CATHOLIQUE-CARITAS FRANCE
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Un an jour pour jour après le début de l’invasion russe en Ukraine, que retient-on de cette guerre interétatique qui se poursuit et comment a-t-elle changé l’ordre mondial ?
"Nous nous sommes tous mépris sur qui était Poutine, c’est un Européen, mais pas un Occidental" déclare le général Vincent Desportes, ancien directeur de l’école de guerre, spécialiste des affaires stratégiques, militaire et enseignant à Sciences Po et HEC. Le général revient sur l'importance de supprimer tout espoir de gagner dans l’esprit du dictateur, car la Russie et l’Ukraine sont tous les deux convaincus que la défaite est impensable.
Alors que les Américains avaient vu venir cette invasion, l’Europe quant à elle ne l’a pas vu arriver. Les Polonais et les Tchèques eux, avaient déjà envisagé la menace russe. "Les Français et les Allemands étaient encore dans le déni jusqu’à la veille de l’invasion" précise Michel Duclos, conseiller spécial en géopolitique à l’Institut Montaigne, ancien ambassadeur de France en Syrie et ancien représentant adjoint de la France auprès des Nations Unies. Le président russe qui avait annexé la Crimée en 2014, a continué ce chemin de violence en souhaitant annexer l'entièreté de l’Ukraine. Comment le reste du monde peut-il réussir à établir le dialogue avec Vladimir Poutine ?
Emmanuel Macron, qui depuis le début de cette guerre se comporte comme un médiateur du conflit en s'entretenant de nombreuses fois avec Vladimir Poutine, a tout de même insisté sur la nécessité de la victoire ukrainienne lors de la conférence à Munich. Il a déclaré qu’il fallait "forcer la Russie à être à la table des négociations aux conditions de l’Ukraine", pour aspirer à la paix. "Cette invasion est un drame et un échec profond de l’occident qui a été incapable d’empêcher cette guerre, et les vainqueurs de 1991 n’ont pas été capable de tenir la promesse de 1945", avoue le général Vincent Desportes. Une promesse de paix signée lors de la conférence des Nations Unies sur l’organisation internationale, à San Francisco en 1945.
Hugues, un auditeur de l’émission, s’inquiète que la menace nucléaire russe atteigne la France. "C’est la première fois qu’une puissance nucléaire peut ressentir une puissance vitale contre lui" rassure Vincent Desportes. L'Ukraine doit réussir à gagner cette guerre sans provoquer un embrasement général de l'Europe qui doit garder un contrôle politique sur ce conflit, afin d’éviter des débordements tragiques. "Poutine ne restera pas sur une défaite sans avoir utilisé l’arme nucléaire, il faut donc maintenir une certaine fermeté et une responsabilité" ajoute Vincent Desportes. Certains Français pensent que l’expansion de l’OTAN a été l’élément déclencheur de l’invasion, car les Russes se seraient sentis menacés, mais selon Michel Duclos, "c’est de la propagande, car depuis 2008, il n’y a eu aucune expansion de l’OTAN. Mais aujourd’hui, on peut considérer que c’est nous qui sommes annexés par Poutine et non l’inverse". Vincent Desportes avoue que l’Europe n’est plus le centre du monde et qu’il faut désormais se reconstruire à partir de nouvelles réalités géopolitiques. Beaucoup de pays n'approuvent d'ailleurs pas l’invasion russe, mais la relativisent.
En effet, si l’Europe ressent l’impact de la guerre dans son économie, certaines puissances comme l’Inde, la Turquie, l’Arabie Saoudite et l’Iran utilisent ce conflit pour accroître leur lien économique avec la Russie. Il faut également souligner le rôle de la Chine dans la guerre. Bien qu’elle soit alliée à la Russie, elle perpétue sa stratégie de non-agression. Mais s’opposer à Poutine, c’est s’opposer dans un certain sens à la Chine qui soutient la politique russe. La guerre dérange donc énormément le pays, car il dépend économiquement des États-Unis et de l’Occident. Xi Jinping est alors dans une position compliquée car il doit tenir la promesse d'alliance avec la Russie, mais maintenir des rapports cordiaux avec les Américains.
Vincent Desportes revient également sur l’importance de ne pas oublier de viser la paix et de réfléchir sur les moyens à mettre en œuvre pour l’atteindre et la faire perdurer plus de 30 ans. "Plusieurs scénarios peuvent être envisagés, mais avant d’avoir une stratégie de paix, il faut avoir une stratégie de victoire" affirme Michel Duclos. "Il faut menacer le pouvoir russe et là, peut-être que Vladimir Poutine pourrait cesser la guerre" ajoute-t-il. Vincent Desportes insiste sur la nécessité de créer un "BIG BANG", mais ce choc ne pourra se faire que si les pays savent ce qu’ils veulent. Michel Duclos craint que si des mesures radicales ne sont pas prises, l'Europe pourrait être confrontée à un enlisement. "La guerre doit être conduite sans jamais perdre de vue la paix qu’on veut acquérir" conclut le général Desportes.
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