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Hadrien Clouet : "Il s'agit maintenant de savoir laquelle, de la gauche ou l'extrême droite, triomphera"

Un article rédigé par RCF - RCF, le 4 juillet 2024 - Modifié le 5 juillet 2024
L'Invité de la Matinale"Je suis en faveur de l'impôt universel" affirme Hadrien Clouet

Hadrien Clouet, député sortant La France insoumise de Haute-Garonne, se présente à sa succession comme candidat du Nouveau Front populaire. Il est arrivé en tête avec près de 46 % des voix. À Toulouse, le Rassemblement national ne fait pas la percée qu'il réalise au plan national. À l'échelle du pays, se pose la question de la probabilité du succès du Nouveau Front populaire dimanche soir.

Hadrien Clouet - © Hans Lucas / Victoria ValdiviaHadrien Clouet - © Hans Lucas / Victoria Valdivia

Est-ce que votre moment est arrivé ?

Les électeurs vont le décider. En revanche, ce qui est sûr, c'est que le pays est dans un moment de bascule. On sait qu'il n'y a que deux forces qui puissent être majoritaires dans ce pays dimanche soir. C'est soit l'extrême droite, donc ça veut dire un alignement de la France sur la Hongrie de M. Orban, ou sur ce qu'était la Pologne à l'époque de l'extrême droite. Ou alors, dans l'autre sens, une victoire de la gauche. Et ça se joue à très peu de choses pour l'instant. Il y avait un point d'écart au premier tour entre les deux forces. Chaque voix compte ! Il va y avoir des seconds tours qui vont se jouer à 100, 200 voix. Il faut une mobilisation générale pour que le pays ne bascule jamais à l'extrême droite.

Craigniez-vous l'abstention ?

Bien sûr, parce que l'abstention, ça veut dire que des personnes n'ont pas donné leur opinion, et dans un régime démocratique, ça pose un problème. Et deuxièmement, parce qu'on constate, si on regarde les circonscriptions du pays, que ce sont celles où l'abstention a le moins reculé, où le RN fait les meilleurs scores. Donc la mobilisation des abstentionnistes, c'est toujours le meilleur rempart contre le fascisme.

L'écologie est-elle la grande absente de cet entre-deux-tours ?

Tout à fait. D'abord, parce que du côté de la minorité présidentielle, il y a eu une succession de renoncements, sur le glyphosate, la protection des agriculteurs, les accords de libre-échange… Ils n'ont aucun bilan. Donc, ils se taisent. Et puis, du côté de l'extrême droite, évidemment, c'est encore pire. La moitié d'entre eux nie le rôle humain dans le changement climatique, voire nie le dérèglement climatique lui-même. Il ne reste plus que la gauche pour s'y intéresser. Le dérèglement climatique existe, il a une origine humaine, il est avancé, il est irréversible, donc il faut des mesures fortes pour faire bifurquer le pays.

Quelles mesures concrètes proposez-vous ?

Il faut un objectif clair de neutralité carbone à l'horizon 2050. Il faut qu'on ait une feuille de route et qu'on engage toute une planification écologique étape par étape. L'été arrive avec la canicule, c'est le moment, de poser immédiatement la question du partage de l'eau. C'est-à-dire avoir un contrôle public sur la production et la distribution, pour réguler les usages et entamer une tarification qui soit différentielle selon les usages. Des usages qui sont socialement nécessaires doivent être gratuits. Les usages qui sont du gaspillage doivent être payants. Il faut rebâtir une industrie sur le renouvelable, dès le mois de septembre. Et en parallèle, il faut engager un grand plan pour isoler les logements.

Comment financer la rénovation de tous les logements de France et des “passoires thermiques” ?

Je pense à l'ISF, je pense à l'"exit tax", je pense à l'égalisation des différentes taxes entre les revenus issus des dividendes et les revenus issus du travail. Avec ce volume-là qui a été rendu en cadeaux fiscaux aux plus riches, 80 milliards d'euros par an, vous avez de quoi en l'espace de deux décennies finaliser l'ensemble de la réduction thermique du pays. Aujourd'hui, on est dans un pays où la situation est inacceptable. Les petits payent gros et les gros payent petits. C'est ça la situation fiscale de notre pays. Je suis en faveur d'une loi de ce qu'on appelle l'impôt universel : lorsque vous quittez votre pays, pour les ménages très aisés, et que vous allez dans un pays où la fiscalité est plus faible, vous payez le différentiel. Je pense qu'il faut dire aux plus riches qui s'en vont : nous continuerons à vous demander de vous acquitter de la différence fiscale. Parce que vous avez profité en France de l'énergie gratuite ou très peu chère, vous avez profité des routes construites par tout le monde, vous avez profité des maternités dans lesquelles la collectivité a investi. Tout le monde a une dette sociale et doit s'en acquitter par l'impôt.

Comment peut-on réparer encore la fraternité dans notre pays ?

La fraternité, c'est quelque chose qui existe à partir de grands projets entre tout le monde. C'est évidemment une urgence aujourd'hui, parce qu’une partie des candidats ont décidé de trier selon la couleur de peau ou les convictions religieuses, réelles ou supposées de la population. Si on veut sortir de ce risque de chaos, de division profonde et de haine entre des Françaises et des Français, il faut fixer des caps, des grands projets. La France doit être la première nation à atteindre la neutralité carbone, c'est-à-dire à contribuer à son échelle à la survie de l'humanité. C'est un projet où il y a une fraternité entre Françaises et Français pour y arriver, et puis même avec les peuples du monde avec lesquels on a envie de coopérer. La fraternité, c'est des grands projets qu'on partage d'où qu'on vienne et qui qu'on soit.

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