Béatifié en 1987, cet ouvrier d'origine rennaise (1921-1945) sera l'un des treize saints patrons des Journées mondiales de la jeunesse cet été. Un ami du Christ que la sainteté du quotidien mena à la mort en camp de concentration.
La sainteté au travail, la fidélité du quotidien, voilà qui pourrait caractériser Marcel Callo, figure catholique au fond assez ordinaire et pourtant tellement inspirante. "Il a travaillé dès l'âge de douze ans, et il s'est rendu compte à quel point ses collègues de travail avaient besoin d'un témoin du Christ", raconte Mgr Pierre d'Ornellas, archevêque de Rennes qui brosse le portrait de ce bienheureux français dans un livre*. Dans l'imprimerie où il est employé tout jeune comme typographe, les conditions de travail sont plus dures qu'il ne l'imaginait. Son charisme et le feu qui l'embrase y sont un remède efficace. "Dans son atelier, on le surnommait Jésus-Christ, mais pas du tout comme une moquerie anticléricale, commente Mgr d'Ornellas. C'est quelqu'un qui forçait le respect par son attitude, il avait une autorité naturelle. Il suffisait, disent les témoins, qu'il se présente dans l'atelier où étaient tenus des propos salaces pour que tout s'arrête. L'influence de Marcel dans son atelier a été reconnue, à tel point qu'il a été élu président de la section jociste de sa paroisse, à Saint-Aubin, en plein centre de Rennes".
La JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) et le scoutisme, mouvements nouveaux de l'Eglise, sont des engagements qui le marquent profondément. Par le scoutisme, "il a découvert l'animation des autres par le jeu en équipes, et cela lui a beaucoup servi à la JOC où il a cherché à animer", assure l'évêque. C'est un trait de sa personnalité qu'il cultive en Allemagne, où il est envoyé sous la seconde guerre mondiale. "Même quand il était en Allemagne, il a organisé des jeux pour empêcher l'influence nazie, des jeux de théâtre, des jeux sportifs", souligne-t-il.
La période allemande, sa dernière demeure, est le tournant de sa vie. Un tournant fatal. "Il est parti en Allemagne, réquisitionné pour le travail obligatoire (le STO, qui contraignit des milliers de jeunes Français à contribuer à l'effort de guerre allemand, ndlr). C'était un certain 19 mars 1943", glisse Mgr d'Ornellas. Il doit quitter Marguerite Derniaux, sa jeune fiancée à qui il écrira des lettres aussi tendres que nombreuses. On en a retrouvé pas moins de 170. "Il a dit à sa tante qu'il partait comme missionnaire. Il avait appris à l'être à Rennes, au milieu de ses collègues de travail, et il part comme missionnaire", retrace l'archevêque.
Avec ses camarades jocistes, il a imposé une résistance spirituelle incroyablement efficace à la barbarie nazie
Tout ce chamboulement n'ébranle en rien la foi ardente qui l'habite, au contraire : "Quand il arrive à Zella Mehlis, dans la région de Thuringe, après plus de deux jours de trajet en train, il se met immédiatement à évangéliser dans l'usine où il est et dans la baraque où il loge". Lors de son arrestation, le 19 avril 1944, un agent de la Gestapo explique en guise de justification que "Monsieur Callo est beaucoup trop catholique". Mgr d'Ornellas insiste. "Avec ses camarades jocistes, il a imposé une résistance spirituelle incroyablement efficace à la barbarie nazie". Transféré en prison, puis en camp de concentration, il meurt, épuisé de fatigue et de faim, à Mauthausen. Nous sommes le 19 mars 1945.
Béatifié en 1987 par Jean-Paul II, qui cherchait une figure à donner en exemple aux jeunes, ce jeune martyr au "dynamisme missionnaire dans une vie ordinaire", dixit Mgr d'Ornellas, sera l'un des treize saints patrons des JMJ de Lisbonne cet été.
*Mgr Pierre d'Ornellas, Entre les mains du Christ - Marcel Callo, apôtre de la fraternité, Editions Salvator, 2023, 9,90 euros
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