Les représentants de la communauté Ouïghour ont manifesté à Paris dimanche 5 et lundi 6 mai pour s’opposer à la présence de Xi Jinping. Le président de la République de Chine est en visite d’État en France pour deux jours. Une réception insupportable pour ceux dont les membres sont persécutés par Pékin.
"Un dictateur qui se déplace en France, surtout à Paris, c’est impossible", dénonce Mirqedir Mirzat, président de l’Association des Ouïghours de France. Alors que le président chinois Xi Jinping est en visite diplomatique en France, plusieurs manifestants se sont rassemblés place de la Madeleine à Paris, "pour faire entendre la voix des Ouïghours opprimés au Turkestan oriental".
Les militants alertent sur les violations des droits de l’homme contre cette minorité persécutée notamment au sein de "camps de rééducation politique" où sont enfermés au moins un million de personnes selon l’ONU. Dans ces camps, les membres de cette minorité seraient torturés et soumis au travail forcé.
Au total ce lundi après-midi, ils sont une trentaine à donner de la voix et à agiter leurs drapeaux bleu clair aux couleurs du Turkestan oriental région au nord-ouest de la Chine, annexée en 1949 sous le nom du Xinjiang.
Si en France, ils sont libres, les Ouïghours ont peur que leurs manifestations aient des répercussions sur leurs familles. C’est le cas de Mirqedir Mirzat, il y a quelques jours, il a confié sur le réseau social X être face à "un dilemme personnel profond". Dilemme entre l’importance de la mobilisation et la peur que ses parents, qui vivent toujours au Turkestan Oriental, soient la cible de représailles.
2-Récemment, j'ai été confronté à un dilemme personnel profond. Mes parents, qui résident toujours dans notre région natale Turkestan Oriental, m'ont exhorté à ne pas participer aux manifestations prévues à Paris.
— Mirqedir MIRZAT (@MirqedirM) May 2, 2024
Finalement, il est bien dans la rue : "Il y a 25 à 30 millions d’Ouïghours et de turciques, il faut qu’on fasse entendre leur voix, personne d’autre ne peut le faire, mes parents c’est deux personnes et à part eux il y a 30 millions de personnes qui attendent nos actions, c’est pour ça que je suis ici, témoigne-t-il, il n’y a pas le choix, il faut sortir de notre peur. On vit dans un pays de liberté, on peut faire tout ce qu’on veut faire".
Les militants pro Tibet se sont aussi mobilisés contre la venue de Xi Jinping. Patrick Bonnassieu a manifesté dimanche contre "l’éradication de la culture tibétaine" par la Chine et est aussi venu au rassemblement de l’Association des Ouïghours de France de ce lundi. Il veut que le gouvernement soit plus ferme avec la Chine : "il faudrait qu’ Emmanuel Macron dénonce tous ces crimes contre l’humanité contre ces populations innocentes. Ceux qui nous dirigent devraient agir plus en dénonçant et en prenant des sanctions contre le gouvernement chinois" demande-t-il.
En amont de la visite d’État, l’Élysée a évoqué qu’Emmanuel Macron "soulèvera les inquiétudes que nous pouvons avoir sur la situation des droits de l'Homme" lors de ces entretiens avec Xi Jinping, sans donner plus de détails.
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